L’objectif de tout ministre de l’Education Nationale est de réformer, réformer et encore réformer… Un leitmotiv habituel que n’a pas évité Monsieur Vincent PEILLON. Cependant, parviendra-t-il à faire mieux que ses prédécesseurs, dont les réformes ont souvent fini au panier?
Au prétexte de "rythme naturels" non respectés, Monsieur Vincent PEILLON s’est d’abord attaché à bouleverser l’emploi du temps des enfants (de maternelle et primaire, comme si les enfants de 3 à 10 ans avaient un seul et même rythme biologique…). Et ce ne serait que le début du chantier : Monsieur Vincent PEILLON, sans plus attendre a déjà lancé un groupe de réflexion à propos du statut des enseignants.
D’abord, pour alléger l’emploi du temps des élèves, celui-ci a été réparti sur quatre jours et demi. Néanmoins pour mieux faire digérer la réforme, en particulier aux parents, ont été ajoutées les activités périscolaires, sorte de valeur ajoutée supposées permettre le plein épanouissement de nos chers bambins. Au menu, activités sportives, culturelles, etc. Une inégalité entre les enfants pointe déjà son nez : ces activités seront-elles toutes aussi enrichissantes à Paris comme dans la Creuse?
En conséquence, pour alléger, il a été nécessaire d’ajouter trois heures à l’emploi du temps des enfants (qui parfois est déjà fort chargé) ! Pour la ville de Bondy, c’est même quatre heures, un quart d’heure hebdo ayant été ajouté parait-il pour satisfaire les animateurs des activités périscolaires.
Ensuite, pour faire appliquer au plus vite son chef d’œuvre, Monsieur Vincent PEILLON a donné de la carotte à manger aux communes pour qu’elles disposent de l’indispensable enthousiasme pour se lancer dès 2013, soit pour Bondy, 24€ par enfant pour l’année. Sur cette somme, 12€ iront pour l’activité spécifique (encadrée par une personne diplômée comme pour le judo, le chant…) et 3€ par activités généralités (encadrées par un enseignant ou un animateur). Les sommes sont ridicules, notamment au regard du prix des fournitures destinées aux activités scolaires. Désolé, les mioches, mais les bourses sont vides… et c’est quand même le nerf de la guerre : on s’occupe difficilement avec rien. Enfin, le pactole sera évidemment versé sous réserve d’un projet éducation de territoire. Et en la matière, qui vivra verra…
D’autre part, les communes doivent se débrouiller, au moins pour l’organisation générale et le recrutement du personnel. La ville de Bondy a laissé le soin aux équipes éducatives –Directeurs d’école, de centres aérés, enseignants, animateurs, et aux parents volontaires- de se dépatouiller pour appliquer la réforme avec les moyens du bord, soit pas grand-chose : la somme à dépenser, parfois un catalogue, parfois des volontaires parmi les enseignants et les animateurs, ou pas d’ailleurs, des lieux hypothétiques, des représentants de la Mairie absents ou arachnéens au point de ne pas être au courant de grand-chose aux réunions de préparation. Le peu d’argent a été dépensé pour palier le strict nécessaire, cependant sans même connaitre les besoins réels. Aujourd’hui, comment va se dérouler l’activité vidéo, sans matériel, car au moment des commandes à effectuer dans des délais imposés évidemment, la Mairie était incapable d’indiquer la plupart les activités spécifiques… Peut-être fallait-il d’abord acquérir une boule de cristal?
Pour ce qui est de Bondy, grande démocratie participative s’il en est (ndlr : ironie du rédacteur), des réunions d’information ont bien été organisées au sein de certains groupes scolaires pour présenter la réforme et proposer un choix d’emploi du temps aux parents. Pas le choix d’un report à 2014 évidemment, même si de nombreux parents auraient opté pour cette option, permettant de prendre le temps de la préparation et de la réelle concertation. Cependant et c’est bien fâcheux, la majorité des parents se sont essentiellement sentis libres de ne pas voter, de ne participer que peu nombreux aux réunions d’information ou de préparation.
Aujourd’hui, quinze jours après la rentrée, les difficultés sont nombreuses, faisant au passage quelques mécontents (c’est quand les municipales, déjà?).
Le manque d’anticipation de la Mairie leur a fait omettre de réfléchir au mieux aux transferts d’enfants de l’école au centre aéré le mercredi midi. Le premier mercredi a été assez sportif pour des ATSEM débordées ou des animateurs totalement dépassés par de simples questions : qui, où, quoi ? De quoi bien traumatiser des mômes dont c’était seulement le deuxième jour d’école et de faire paniquer des parents au maximum. Ainsi, un élève de la Maternelle Savary a fini son mercredi au centre aéré Sergent Bobillot, mais sans que les parents en soient prévenus !
Jeudi 12 septembre, la Municipalité a tenu –encore- une commission de recrutement pour quelques trente postes. Lors de la réunion de lancement du 15 mai, la municipalité s’était pourtant montrée on ne peut plus rassurante sur le sujet.. Entre le personnel enseignant et les animateurs travaillant déjà, tout était parfaitement bien ficelé, selon le cadre de la Mairie. Simplement, tout ne s’est pas si parfaitement déroulé : les refus et surtout les désistements des animateurs (au moins) ont été nombreux. Pour parachever le tableau, les parents d’élèves s’interrogent vivement concernant les qualifications réelles du personnel recruté. Inquiétude qui si elle se justifie aujourd’hui, sera encore plus criante l’an prochain, alors que toutes les communes se feront concurrence pour recruter des animateurs.
La Mairie n’a même pas envisagé de le payer au-delà de 16h45, comme si les parents récupéraient leur progéniture en un claquement de doigt. Nombreux sont les parents interloqués de retrouver leurs enfants dans le couloir. Par ailleurs la remise des enfants aux parents à 16h45 n’est pas bien cadrée, comme auparavant les enseignants. Les sorties se font donc parfois dans une pagaille inquiétante.
Enfin, les échos concernant les activités proposées sont quelques peu mitigés : il y a marmots qui restent assis une heure sur un banc, ceux qui font des jeux ou des coloriages. On ne peut pas encore parler de valeur ajoutée : tout ça, les enfants pourraient le faire chez eux ou à la garderie. Ajoutons, que pour Bondy, nous avons de la chance, ces activités sont pour l’heure, gratuites, ce qui parait-il n’est pas toujours le cas ailleurs. Néanmoins, aucune garantie que cela dure malgré les interrogations répétées à ce sujet des parents d’élèves FCPE.
Enfin, les parents travaillent (ou pas) et plus de 95% d’entre eux ont pris la décision de laisser leurs enfants aux activités périscolaires et n’ont bien souvent d’autre alternative que de les y laisser. Il y a aussi le problème du mercredi : nombreux sont les parents pour qui aller chercher leur enfant à 11h30 est trop tôt. Les parents d’élèves (FCPE) ont demandé à plusieurs reprises qu’il soit au moins organisé une garderie. Refus catégorique de la Mairie de Bondy jusque quinze jours avant la fin des vacances d’été, où elle crée cette garderie, mais sans en fixer aucun cadre : qui garde, où, qui inscrit, combien ça coûte… et surtout sans prévenir les parents !!! Pour le premier mercredi, ce fut une heure de plus assis sur un banc pour quelques mouflets. Qu’ont-ils donc bien pu faire pour être punis de la sorte ?
Le manque total de discernement et d’écoute de la Mairie conduit à la colère et aux protestations de parents. Néanmoins, jusqu’alors, peu s’étaient intéressés à ce qui se passait. Les démarches de mécontentement semblent restées individuelles, alors même que localement, la FCPE est présente, a organisé une réunion, s’est exprimé par lettre d’information, fait signer des pétitions, et participe aux diverses réunions organisées. Néanmoins, le nombre et l’activisme des parents FCPE reste anecdotique. En définitive, pas de quoi faire vraiment pression…
Ainsi, une pétition pour le report à 2014 a circulée auprès des parents. Celle-ci a été remise lors d’une rencontre de la Mairie et des enseignants du SNUIPP. Celle-ci a dû être jugée non représentative, classée vite fait bien fait, mais le plus hallucinant, c’est le ton désobligeant et hautain avec lequel les représentants, élus ou fonctionnaires, ont répondu aux interrogations des enseignants et parents présents.
La Mairie a même reprochée à la FCPE locale de ne pas suivre la ligne de la FCPE nationale, favorable à l’application immédiate. Allez, parents d’élèves FCPE, on remet le petit doigt sur la couture du pantalon et on cesse de réfléchir !
La Mairie conserve toujours le même discours rassurant : tout va bien se passer, ils font au mieux, d’ailleurs, cessez de les importuner, circulez,, y’a rien à voir, ils sont débordés, car ils travaillent d’arrache-pied pour œuvrer au bonheur de nos petits. Un « tout va pour le mieux dans le meilleurs des mondes », que la réalité vient contredire.
Cette réalité est celle d’un seul groupe scolaire de Bondy. Il n’y a pas de partage d’expériences, que ce soit au niveau purement local, simplement d’une école à l’autre, mais également nationale, d’une ville à l’autre.
Pour l’heure, l’application des rythmes scolaires, en particulier à Bondy, se présente uniquement comme un questionnement:
- Les enfants sont-ils bien encadrés, au-delà de l’éventuel diplôme ou brevet détenu (ou pas !) par l’encadrant?
- Les activités périscolaires proposées seront-elles de bonne qualité ? Nos enfants en tireront-ils un profit réel ou ce temps ne sera-t-il que de la garderie améliorée (ou pas)?
- Les moyens humains, financiers ou de simplement en locaux seront-il suffisants?
- La gratuité est également un élément d’interrogation : gratuité partout? gratuité toujours?
- L’apprentissage sera-t-il meilleur grâce à la réforme?
Pour Bondy, cette réforme des rythmes scolaires ressemble à une opération de communication (voir "pour information"). Le discours de la Mairie reste aveuglément certain de sa réussite et aveuglément déconnecté de la réalité. Sans opposition organisée, les difficultés des parents et les déboires de leur progéniture ne feront pas le poids et la Mairie pourra savourer son succès, peu importe que ce soit une imposture.
Alice LEBLANC
Pour information :
Les plaquettes (pas reçues…) :
- Février 2013 : http://www.ville-bondy.fr/fileadmin/user_upload/education/Rythmes_scolaires/DEPLIANT_rythmes-scolaires-Fevrier2013.pdf
- Juillet 2013 : http://www.ville-bondy.fr/fileadmin/user_upload/education/Rythmes_scolaires/DEPLIANT_rythmes-scolaires-juillet2013.pdf
Dossier de presse : http://www.ville-bondy.fr/fileadmin/user_upload/education/Rythmes_scolaires/Dossier_Presse_Rythmes_Scolaires.pdf