18 avril 2008
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Mais le capitaliste humain, ça n'existe pas. Le capitalisme, c'est la propriété privée du capital et en particulier du capital de production. Cette détention privée a un corrolaire: les propriétaires du capital veulent en tirer le plus de profit possible. Et pour cela, tout est permis. C'est consubstantiel au capitalisme. Vouloir imposer des limites à la poursuite frénétique du profit maximum dans un système capitaliste, c'est comme vouloir un nazisme démocratique, de l'eau sèche ou un livre Bernard-Henri Levy intéressant: ça n'a aucun sens.
C'est comme vouloir imposer des limites ou des règles à la guerre: depuis Clausewitz, on sait que c'est un non-sens, et tous les conflits dans le monde ne cessent de le prouver. Tout comme la convention de Genève n'est qu'un écran de fumée pour camoufler l'horreur sans limite de la guerre sans l'atténuer, les pseudo règles financières internationales ne sont qu'un ridicule déguisement qui ne change pas grand-chose à la réalité du capitalisme. D'ailleurs, le capitalisme, c'est la guerre.
Le capitalisme, c'est le profit à tout prix. Et le profit ne se développe jamais aussi bien que dans les "crises". La "crise" est une excellente façon de tenir par la terreur les exploités, les travailleurs, les prolétaires, pendant qu'on les pressure. C'est pourquoi le capitalisme a institué la crise permanente. Les subprimes, ce n'est que la forme actuelle de cette crise permanente.
Pour commencer, la soit-disant "crise des subprimes" n'est pas une "crise". Une crise, c'est un trouble dans le fonctionnement normal d'un système. La transformation subite du système des subprimes (plutôt que son effondrement) n'est pas un trouble, mais quelque chose de parfaitement prévisible voire calculé. C'est la prise de bénéfices planifiée par certains acteurs de la finance mondiale, au détriment d'autres acteurs et surtout au détriment de millions de petits propriétaires. La perte de leur habitation correspond à une captation de valeur: après avoir encaissé les remboursements de prêts pendant des années, les prêteurs saisissent les maisons, sans rendre l'argent déjà versé.
Imaginons que je doive emprunter 200000 euros pour me loger. Je rembourse pendant un certain temps, imaginons 50000 euros. Soudain, mon prêteur augmente de façon faramineuse mes remboursements. Je ne peux plus payer. Il récupère la maison, d'une valeur de 200000 euros (et même probablement plus), tout en gardant les 50000 euros que j'ai remboursé. Certes, le soudain afflux massif de logements sur un marché où les acheteurs potentiels auront été ruinés fera baisser temporairement la demande. Le logement de 200000 euros ne pourra pas être écoulé immédiatement. Mais il ne disparait pas: il suffit d'attendre un peu. Les gens ont besoin de se loger. Donc je vais devoir ré-emprunter pour me reloger. Or le prêteur qui chiale sur la "crise des subprimes" alors qu'il vient de s'en foutre plein les fouilles est bien sûr tout à fait disposé à me prêter à nouveau: c'est trop rentable: je le paye pour qu'il récupère mon logement! On va camoufler un peu ça, tergiverser quelques mois, histoire de créer un écran de fumée. Mais c'est certain, dans quelques temps, le système "fou" sera reparti.
Car il n'est pas du tout fou, ce système. On veut nous faire croire qu'il est déréglé, alors qu'il fonctionne parfaitement bien. Il fonctionne parfaitement bien pour maximiser le profit d'une poignée d'individus au détriment de l'immense majorité. Evidemment, poser la situation comme ça n'est pas très vendeur. Alors, on prétend que le système est "fou", qu'il "s'emballe", que personne n'a voulu cette situation.
Mais bien sûr que si! Cette situation a été voulue, sciemment.
Il suffit d'ouvrir les yeux quelques minutes sur les 20 ou 30 dernières années. La "crise financière" est permanente et continue.
- 1973, choc pétrolier, crise du marché financier des matières premières
- 1974, faillite de la banque Herstatt, crise du marché des changes
- 1979, hausse des fed funds, crise du marché monétaire
- 1980, manipulation des frères Hunt sur le marché de l'argent métal, crise du marché des métaux
- 1982, crise de la dette des pays en voie de développement
- 1985, crise des emprunts d'Etat américains due à la Bank of New York
- 1987, krach du marché obligataire puis du marché des actions
- 1989, crise du marché des obligations spéculatives américaines et des actions japonaises
- 1990, chute boursière suite à l'invasion du Koweït par l'Irak
- 1992, crise du système monétaire européen
- 1994, crise du marché obligataire et crise mexicaine
- 1997, crise économique asiatique (effondrement des "dragons")
- 1998, crise financière russe
- 2000, explosion de la bulle Internet, crise turque
- 2001, chute des marchés suite au 11 septembre, crise économique argentine
- 2002, crise brésilienne
- 2007, crise des subprimes
Et maintenant? En 2008, nous aurons la crise alimentaire due à la spéculation sur la nourriture. Nous aurons une crise du marché des changes en raison de l'écart croissant entre euro, dollar et yuan. Nous aurons une crise du marché énergétique avec la poursuite de l'augmentation du pétrole. Et quoi d'autre? Plein d'autres crises! Vive la crise! La crise, c'est de la thune pour les spéculateurs! La crise, c'est bon pour le capitalisme!
Arrêtons de nous laisser berner par ces histoires de crises, qui servent de prétexte pour renforcer de manière continue l'inégalité de répartition des richesses.
Provoquons la seule vraie crise qui est du sens: la chute pure et simple du capitalisme et de sa logique criminelle.