Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Communistes libertaires de Seine-Saint-Denis
  • : Nous sommes des militant-e-s d'Alternative libertaire habitant ou travaillant en Seine-Saint-Denis (Bagnolet, Blanc-Mesnil, Bobigny, Bondy, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin, Rosny-sous-Bois, Saint-Denis). Ce blog est notre expression sur ce que nous vivons au quotidien, dans nos quartiers et notre vie professionnelle.
  • Contact

Nous rencontrer

Pour nous contacter: Alternative libertaire 93, BP 295, 75921 Paris Cedex 19 ou par e-mail (montreuil@al.org, saint-denis@al.org ou al93@al.org)

Vous pouvez nous rencontrer au marché de Noisy-le-Sec (2ème samedi de chaque mois, 11h-12h), au marché de la gare RER de Bondy (4ème samedi de chaque mois, 11h-12h), au marché Croix-de-Chavaux à Montreuil (2ème dimanche de chaque mois, 10h30-11h30) et à l'angle de la rue Gabriel Péri et de la rue de la République à Saint-Denis. Nous y vendons le mensuel Alternative libertaire.

Recherche

Nouveau site!

Retrouvez notre nouveau site : www.libertaires93.org

Archives

Trouver le mensuel AL

Vérifiez sur trouverlapresse.com, car des changements peuvent avoir lieu.
Bagnolet: Auchan, 26 av de Gaulle, 87 rue Robespierre, 47 av de Stalingrad. Bobigny: rue du Chemin Vert, Hôpital Avicenne. Bondy: Gare RER. Montreuil: M° Croix-de-Chavaux, 1 av Pasteur, 5 rue E. Varlin, 170 rue de la Nouvelle France. Noisy-le-Sec: Gare RER, 8 rue Jean Jaurès. Romainville: 80 bd H. Barbusse. Rosny-sous-Bois: Carrefour Rosny II, 2 rue Gallieni, 3 av Gallieni. Saint-Denis: 17 pl du Caquet, 4 bd A. France, Cité Franc Moisin, 105 rue Gabriel Peri, Pl des Poulies, Pl du 8 mai 45, 2 rue G. Philippe, 46bis bd J. Guesde, M° Saint-Denis Basilique.
27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 10:12
L'ancien employé des PTT (c'était il y a 57 ans !) et franc-maçon Albert-Bernard Bongo a été président du Gabon (la Suisse de l'Afrique de l'ouest) de 1967 jusqu'à sa mort officiellement annoncée le 08 juin dernier. 42 ans d'un pouvoir sans partage, et solidement assis par les réseaux Foccart. Bongo est l'archétype de la Françafrique décrite par François-Xavier Verschave. C'est-à-dire un pouvoir colonial français qui a concédé la décolonisation politique de ses anciennes colonies africaines, mais au prix d'une mainmise indirecte sur l'institution d'un nouveau pouvoir local corrompu permettant à l'ancien empire colonial de profiter d'une bonne partie des richesses produites par des nations africaines supposées nouvellement autonomes.

Fondateur du Parti démocratique gabonais sur la base d'un monopartisme gouvernemental qui durera jusqu'en 1990 et qui contredit toute idée de démocratie, converti à l'islam en 1973 (c'est à cette occasion que le prénom Omar se substituera à celui d'Albert-Bernard), homme-lige de la Françafrique au Gabon, Bongo a pu bénéficier de l''assassinat de son opposant Germain Mba en 1970 par deux agents des services secrets français, profiter du choc pétrolier de 1973, et bénéficier à nouveau de l'assassinat du poète contestataire Ndouna Lepenaud en 1977. Tout cela assurant à son potentat une pérennité dont le coût social s'est avéré extrêmement elévé.

Le Gabon a largement servi, et bien servi, au pouvoir françafricain. Notamment lors de la guerre du Biafra en 1967 qui a déchiré le Nigeria au bénéfice de la France. En 1990, une révolte étudiante oblige Bongo à desserrer l'étau dictatorial. La mort encore une fois "mystérieuse" d'un des opposants au régime, Joseph Redjambe, enflamme les révoltés gabonais, jusqu'à ce que l'armée française intervienne brutalement afin de rétablir Bongo dans son bon droit dictatorial. L'effondrement économique des années 80, et la thérapie de choc du Fonds monétaire International (FMI) qui s'en est suivie, ont parachevé la dégradation des conditions d'existence matérielles du peuple gabonais. Alors que le pays est très riche ! La contradiction, résultant d'un inégalitaire partage du gâteau pétrolier au bénéfice des multinationales (dont Total pour le pétrole, bébé de la Françafrique, et Bolloré pour l'exploitation écologiquement destructrice du bois), veut ainsi qu'aujourd'hui, 80 % des Gabonais vivent sous le seuil de pauvreté alors que le PIB du pays équivaut à celui du Portugal !

Propriétaire de plus de 33 appartements et hôtels particuliers dont la somme totale dépasse les 150 millions d'euros, dépositaire de comptes bancaires occultes, largement compromis d'après Eva Joly dans les magouilles d'Elf, Gabon et toute sa famille ont joui pendant des décennies des privilèges d'un système néocolonial dont le grand perdant reste le peuple gabonais (soit un million et demi d'habitants, dont le tiers s'entasse à Libreville). Le tyran mort, le fils Ali et la fille Francine sont sur les dents pour prendre la suite des affaires. Sarkozy veille à préserver les intérêts des grands groupes français. Quant à la démocratie, qui est le cadet des soucis de la famille Bongo, elle ne sera l'oeuvre que des Gabonais eux-mêmes.

Bernard Kouchener, Jean-Louis Debré, Patrick Balkany, Alain Bauer et Loïk Le Floch-Prigent ont assisté aux funérailles. Soit le champion social-libéral de l'humanitarisme, l'Etat Sarkozy, la franc-maçonnerie et Elf-Total, tous émus devant la disparition d'un allié dans une Françafrique qui, soumise aux intérêts étasuniens et chinois, et à la déréglementation financière mondiale, mute en une "mafiafrique" toujours plus sauvage, et toujours moins égalitaire et démocratique. 

La mort d'Omar Bongo rappelle que les lois de la biologie sont irréductibles, même pour les despotes. A quand la substitution des lois politiques aux lois biologiques, qui empêcheraient tout simplement les despotes de politiquement exister ?

Franz B.

Partager cet article
Repost0
27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 09:21

Ou alors, pourquoi le problème des retraites est moins démographique qu'idéologique

 


Avec l’annonce des déficits de la Sécu, l'Etat Sarkozy veut à nouveau s'attaquer au système de retraite par répartition (et plus généralement à la part socialisée du salaire). Pour la première fois, il est question de repousser l’âge légal de départ. L'annonce des déficits annoncés de la Sécurité sociale (perte de 7,7 milliards d'euros pour la branche vieillesse) sert comme à l'accoutumée à l'autorisation de la casse de notre protection sociale. On connaît la sempiternelle triade optionnelle : diminuer les pensions, augmenter la durée de cotisation, et reporter l’âge de départ à la retraite. Jamais relever le taux de valeur ajoutée (la part des richesses sociales) pour maintenir le cap des 37,5 annuités et de 60 ans comme âge plafond de départ en retraites. Jusqu’à présent, les (contre)réformes intervenues, en 1993 pour les salarié-e-s du privé, en 2003 pour les fonctionnaires, en 2008 pour tout le monde, avaient privilégié l’augmentation de la durée de cotisation, de 37,5 à 40 annuités, puis à 41 annuités de cotisation d’ici à 2012. Toucher à l’âge légal est ce verrou que le gouvernement veut désormais de faire sauter, à l'imitation de l'Allemagne, à la mi-2010. Pourtant l'interroger sur la question de la productivité du travail permettrait de lever le voile de la question démographique pour montrer le visage égoïste du non-partage des richesses produites par le travail.


Première partie de la démonstration :

 


. Sur une base de 100 (formalisant l’ensemble des salaires), 10 salariés actifs cotisent aujourd’hui pour 4 salariés inactifs.

Ce qui nous donne le ratio suivant :

100 / 10 + 4 = 7.

 

. Demain (c’est-à-dire dans 30 ans), les 10 salariés actifs cotiseront pour 8 salariés inactifs. Seulement, la base de calcul des salaires n’est plus 100 mais 200, la productivité devant doubler à PIB (la richesse monétaire nationale) constant.

 

Ce qui nous amène au ratio suivant :

200 / 10 + 8 = 11 ! Soit un ratio encore plus élevé que le précédent.

 


Nous avons découvert le point faible des arguties qui veulent nous faire avaler les vessies de la retraite (individualiste) par capitalisation pour les lanternes de la retraite (socialisée) par répartition : l’élément démographique est toujours pris en compte, en oubliant le facteur décisif qu’est celui de la productivité du travail dont le procès, en économie capitaliste, exige qu’il soit toujours plus grand, afin d’abaisser le coût des marchandises dans des marchés fortement concurrentiels.

 


Deuxième partie de la démonstration

 


. Entre 1945, date de la création de la Sécurité sociale sur recommandation du Conseil National de la Résistance, et 1970 qui a vu le doublement de la productivité du travail, il fallait 6 points de PIB pour alimenter les caisses de cotisation assurés par la part socialisée du salaire.

. Entre 1970 et aujourd’hui, il a fallu 6 autre points de PIB pour permettre la pérennité du système indexée sur un deuxième doublement de la productivité du travail.

.

La question à poser est de savoir si l’on peut aujourd’hui consacrer une part identique en terme absolue (toujours 6 points de PIB) au système de retraite quand le PIB français, même malgré la crise économique, n’a jamais été aussi important (2.000 milliards d’euros aujourd’hui).


. 6 points de PIB (environ une petite centaine de milliards d'euros) représentent l’équivalent des allègements de cotisations patronales (35 milliards d’euros), des crédits d’impôts pour la frange la plus riche de la population (15 milliards d’euros), des impayés patronaux en terme de travail dissimulé (le « travail au noir » qui coûte plusieurs dizaines de milliards d’euros à la collectivité), des fraudes fiscales massives (idem)…


Il n’y pas de problème de retraites, mais bien un problème de redistribution égalitaire des richesses produites par le travail et ponctionnées par le capital. Avec les beaux succès que l'on connaît aujourd'hui.

Franz B.

Partager cet article
Repost0
20 juin 2009 6 20 /06 /juin /2009 14:50
L'Homme parle se définit comme "Enfants du métissage des cultures et du brassage des ethnies", et symbole d’une jeunesse unie contre les offensives capitalistes et contre toutes les formes d’oppression et de discrimination.

Dans un univers musical entre rap, reggae, slam, chanson et musique du monde, « L’Homme parle » revendique un hip-hop alter mondialiste frais et engagé, soufflant un vent libérateur sur les terres stériles des musiques cellophanées.

Basé au centre culturel du quartier de Valdegour,à Nimes, le groupe participe à la mise en place d'ateliers de cultures actuelles pour les jeunes et un studio d’enregistrement. Ils soutiennent depuis 3 ans le projet humanitaire un pont entre Nîmes et Mekhnès qui consiste à acheminer par camion au Maroc du matériel médical et des vêtements pour des fondations d’aide aux orphelins et aux enfants de la rue.

 

La prochaine tournée sera aussi une occasion de sensibiliser le public sur des problèmes tels que les droits humains fondamentaux et la protection de l’environnement grâce à l’intervention sur place de plusieurs ONG.

Après plusieurs années de travail au studio du Label « Direkt Tribal Family » (2 maxis CD) et une soixantaine de concerts, « L’Homme parle » vient de terminer son premier album fort de 13 titres et se prépare à exploser sur les scènes de France et d’ailleurs.
Contact MySpace
http://www.myspace.com/lhommeparle
Partager cet article
Repost0
17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 13:18

Qu’il s’agisse de deux films présentés cette année au Festival de Cannes, Antichrist de Lars Von Trier en compétition officielle, Les Beaux gosses de Riad Sattouf à la Quinzaine des réalisateurs, ou bien d’une ressortie également montrée à Cannes, Who’s that knocking at my door ? de Martin Scorsese, à chaque fois c’est la question sexiste qui est mise en avant. Mieux, c’est le rapport entre les genres masculin et féminin qui est problématisé dans une perspective où la « domination masculine » (Pierre Bourdieu) comme ensemble structuré et structurant de pratiques relationnelles dont bénéficie symboliquement le groupe masculin au détriment du groupe féminin, plus que le « patriarcat » (Christine Delphy) comme système distinct du capitalisme d’exploitation du travail des femmes par les hommes dans la sphère domestique, se trouve mise en crise. Sachant que cette mise en crise ébranle autant les dominants masculins que les dominées féminines.

 


http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:7D_TYdczVPW9mM:http://cdsonline.blog.lemonde.fr/files/2009/06/antichrist-lars-von-trier-l-3.1245072084.jpg1/ Antichrist a été largement hué lors de sa projection cannoise, le qualificatif de « misogyne » revenant comme un leitmotiv dans la bouche des commentateurs offusqués du nouveau long métrage du cinéaste danois. Il faudrait que les critiques commencent (enfin) à comprendre qu’il y a une distinction symbolique à établir entre le récit tel qu’il arrive à ses protagonistes et la mise en scène telle qu’elle considère ce récit en le mettant à distance pour mieux en critiquer les tenants et les aboutissants. Cette distinction est ici largement explicite, puisque les signes caractérisant le récit empruntent largement à la forme allégorique. L’absence d’arrière-plan qui détermine le fonctionnement du film en huis-clos, la figuration abstraite de personnages qui s’exposent comme des archétypes génériques et quelconques sans nom ni prénom, l’irréalisme total de la dernière partie qui s’amuse à extirper du genre horrifique et gore des symboles renseignant la situation allégorique des personnages, l’épilogue et le prologue dont le maniérisme formel (ralenti, noir et blanc, musique religieuse, références culturelles contradictoires, etc.) parachève la dynamique allégorique d’ensemble : ce sont là les éléments esthétiques principaux d’un dispositif à l’intérieur duquel la mort d’un enfant et le travail de deuil consécutif, à l’instar des Idiots réalisé par le cinéaste en 1998, serviront de catalyse.

 

Il faut être attentif à la manière critique dont le deuil de cet enfant est traité selon une différenciation obligeant l’héroïne (Charlotte Gainsbourg) à devoir davantage souffrir que son époux (Willem Dafoe). Il faut être sensible à la façon dont le mari, thérapeute de profession, cantonne son épouse, qui rédige une thèse sur les représentations qui ont justifié les procès en sorcellerie et le meurtre de masse des femmes au Moyen Age, à une position d’assujettissement et d’infantilisation au nom de laquelle elle abandonne tout le terrain de la maîtrise rationnelle à son conjoint. Il faut être réceptif à cette pente qui voit progressivement dégringoler un couple bourgeois lambda, de plus en plus possédé (on pense d'ailleurs à Possession d'Andrzej Zulawski tourné en 1981 avec Isabelle Adjani à qui ressemble beaucoup ici Charlotte Gainsbourg) par des représentations archaïques qui classent les femmes dans le pôle de la nature, de l’irrationnel et du mal, et les hommes dans le pôle opposé de la culture, de la raison et du bien. Antichrist ne met pas autre chose en scène que le pouvoir psychique des représentations collectives et des symboles archaïques qui courent sous la croûte de la rationalité instrumentale occidentale, et qui peuvent trouver à s’incarner de façon aberrante et autodestructrice. La misogynie du cinéaste, lorsqu’elle est mise en crise par le redoublement fictionnel de sa situation réelle de cinéaste dirigeant une actrice (comme le personnage masculin oblige l’héroïne à des exercices physiques et psychiques contraignants), instruit d’une bêtise générique qu'il critique mais à laquelle honnêtement il ne se soustrait pas. Au contraire, même, il la met en scène pour s’obliger à penser une bêtise dont personne (critiques offusqués et spectateurs perplexes compris) ne peut se dire indemne. Il s’agit donc bien de compliquer les positions de chacun, personnages, réalisateur, spectateurs, afin de faire l’expérience décisive de la précarité de tous concernant des cadres symboliques sexistes qui déterminent les rapports interindividuels, et conforment leur pente catastrophique. Alors qu’il est de bon ton de s’élever seulement contre les violences sexistes s’exerçant à l’encontre des femmes musulmanes, Antichrist vient à point nommer pour rappeler que le monde occidental, responsable d’un « gynocide » à l’époque médiévale, n’a jamais rompu avec un imaginaire sexiste et violent. Le traitement judiciaire actuel de l’affaire Courgeault dite des « bébés congelés » vaut comme le parfait complément médiatique et sociologique de l’allégorie réalisée par Lars Von Trier.

 

http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:2hefc3uHUoZtZM:http://image.toutlecine.com/photos/l/e/s/les-beaux-gosses-10-06-2009-13-g.jpg2/ Les Beaux gosses se présente plus simplement comme une comédie, dans le sillon des bandes dessinées dont Riad Sattouf est le célèbre auteur (telles La Vie secrète des jeunes et Pascal Brutal), examinant à la loupe les émois d’une bande d’adolescents visqueux, gélatineux et boutonneux d’un collège rennais. Sorte de contrepoint mineur et comique à Entre les murs (2008) de Laurent Cantet, ce film vaut surtout pour montrer à quoi se résume symboliquement le monde du groupe de garçons ici mis en scène : rouler une pelle (c’est le premier plan du film, obscène à souhait). Pourtant, des pelles, les deux héros du film, Hervé et Camel (le premier ressemble incroyablement à Bernard Menez, le second à Luis Rego), vont s’en prendre, multipliant les râteaux pour pouvoir enfin accéder au monde merveilleux de la galoche. Chaque flèche décochée par ce petit film frontal, toujours à la hauteur du regard de ses protagonistes dont le monde symbolique est si rétréci, touche au but : valse des humiliations entre élèves à laquelle se prêtent également tant l’institution scolaire que l’ordre familial, marchandises culturelles (chansons, posters, fringues, vidéos, etc.) qui véhiculent un imaginaire de la puissance se renversant en impuissance pour ceux qui les consomment, contraintes symboliques et normatives à l’hétérosexualité qui débouchent sur une mécanique de frustration systématique et de bêtise comportementale. Cette laideur, nous l’avons bien connu, c’est celle de l’adolescence comme mode transitoire et un peu monstrueux où des individus ne sont plus des enfants et pas encore des adultes. Les Beaux gosses multiplie ainsi les effets de reconnaissance (et le cinéaste a beau jeu d’instituer avec ses personnages une empathie réelle, et non pas un regard cynique comme cela avait été le cas avec Bienvenue à l’âge ingrat de Todd Solondz) pour accéder à une forme objective de connaissance concernant les rapports entre les genres.

 

Alors que le groupe masculin investit davantage son énergie libidinale dans une fuite imaginaire (d’où les branlettes devant le miroir) qui le rend aveugle et sourd aux signes positifs ou négatifs émis par le groupe des filles, ces dernières entretiennent un rapport au symbolique autrement plus aiguë (probablement parce que, à l’inverse des garçons, elles sont prises dans des contraintes sévères en termes de conception et de maîtrise de leur sexualité) et qui les empêche de fantasmer à ce point. Alors que le roulage de pelle représente pour elles un moyen d’accéder à une forme d’accomplissement individuel et de maîtrise d’elles-mêmes, il fonctionne pour les garçons comme une sorte de trouée de réel brut par où doit obligatoirement passer leur désir, indépendamment de la fille à embrasser. Alors que le symbolique autorise une ouverture positive à l’autre, l’imaginaire permet de fuir l’autre au nom d’une crainte seulement fantasmée. D’où que, au cœur de la « matrice hétérosexuelle » (Monique Wittig), les filles tirent leur épingle du jeu et apprennent aux garçons à faire de même, et à ne plus délirer leur rapport à l’autre genre. C’est la fin du film, les collégiens de 3ème passent en seconde, tout le monde se fait la bise, et les micro-drames de l’an passé sont oubliés. La sortie de l’adolescence s’effectue aussi sur le mode d’un procès d’acculturation dont les filles sont les actrices privilégiées et dont les garçons peuvent bénéficier s’ils sont capables de se délester des injonctions normatives et virilistes au sexe.

 

http://t1.gstatic.com/images?q=tbn:wJC9M-lloZM0VM:http://www.wowmagazine.fr/wp-content/uploads/2009/06/whosthatknockingatmydoor.jpg3/ Who’s that knocking at my Door ? est le premier long métrage réalisé par Martin Scorsese entre 1964 et 1968. D’emblée, les principales figures de tout son cinéma se trouvent à un état de concentration remarquable. L’icône maternelle indexée sur la culture catholique familiale, la violence des combats de rues du quartier newyorkais de Little Italy, l’identification machiste et l’hédonisme sexuel structurant le groupe de pairs, et puis surtout les contradictions que forment ces divers éléments interdépendants et qui participent à cliver psychiquement le sujet (ici le héros interprété par Harvey Keitel, et double fictionnel explicite du réalisateur), sont ces principes qui déterminent une esthétique schizoïde innervant toute l’œuvre scorsesienne. C’est-à-dire que le montage opérant sur la base de micro-éclats disjonctifs affole la continuité des plans tournés et la linéarité narrative du récit, afin de rendre manifeste des états disruptifs qui nuisent à la stabilité symbolique des sujets. Esthétique schizoïde déterminée par la trajectoire sociale d’un homme qui, étasunien dont les parents ayant migré sont d’origine sicilienne, a longtemps été partagé entre le projet familial de la prêtrise catholique et le projet plus générationnel et local d’intégrer la mafia, pour au final choisir le rock et surtout le cinéma comme lieu propice à l’expression cathartique de telles contradictions.

 

J. R. (déjà la double initiale traduit une duplicité fondamentale) est ce garçon qui navigue ainsi de part et d’autre de deux lignes narratives distinctes et a priori hermétiques l’une à l’autre. La première ligne renvoie à ses activités avec son groupe de pairs : dragues, bastons, soirées arrosées, moquerie et délire perpétuel. On croirait assister à un remake étasunien de I Vitelloni (1952) de Federico Fellini, pendant que l’autre ligne narrative, renseignant l’amour naissant entre le héros et une jeune femme blonde rencontrée par hasard, s’inscrit explicitement en référence à la Nouvelle Vague, François Truffaut pour les arrêts sur image, Jean-Luc Godard pour les longs plans-séquence, les deux pour le portrait d’un amour dopé aux citations cinéphiliques qui finira détruit à force de scènes de ménage. Le protagoniste est donc dans une situation de division extrême : alors qu’il fait preuve d’un virilisme consternant avec ses copains de virée, il essaie avec sa copine d’être le plus sentimental possible. Alors qu’il rêve à des orgies irisées par le tube The End des Doors (afin de pouvoir finir son film, le cinéaste a dû sur injonction d’un producteur inclure cette scène qui a justifié du point de vue de la censure de l’interdire aux moins de 16 ans), il connaît les plus grandes difficultés à passer sexuellement à l’acte avec son amie (on imagine alors, et la chanson The End est là pour nous le rappeler, la puissance psychique du nœud œdipien vécue par un garçon culturellement élevé dans le seul amour pour une figure féminine qui vaille, à savoir la mère). Entre ascétisme et hédonisme, projet amoureux et encouragement par le groupe de pairs à déconner, J. R. souffre d’un certain nombre d’injonctions contradictoires auxquelles il faut ajouter cette dernière, déterminante : l’héroïne (elle en annonce beaucoup d’autres chez Scorsese), issue de la classe WASP, occupe une position sociale bien supérieure à celle du héros, doublement dominé (il est instable professionnellement, et les origines migratoires de ses parents sont moins valorisantes que celles de son amoureuse).

 

Le récit du viol subi par l’héroïne à J. R. voit ce dernier réagir à l’inverse de ce qui semblerait attendu en pareil cas : d’abord, il ne peut, dit-il, pas croire semblable récit qui accréditerait selon lui l’idée qu’elle n’a eu que ce qu’elle méritait ; ensuite, il s’excuse auprès d’elle, mais en formulant son excuse sous la forme d’un pardon qu’il lui accorde. Son incapacité à comprendre que le viol subi est un préjudice dont son amie est la victime découle de la double socialisation (familiale et auprès du groupe de pairs) qui structure ses perceptions et ses discours. Pureté évangélique accordée à la figure maternelle dans la religion catholique d’un côté, et consumérisme sexuel valorisé par le virilisme professé par le groupe de pairs de l’autre bornent un monde pour lequel le genre féminin n’existe que sous la double figuration canonique de la maman et de la putain. Hors cette double catégorisation, point de salut. Surtout, le court-circuit que représente le récit du viol entre les deux séries narratives expose cette ultime vérité qui explique aussi, mais de manière plus inconsciente, la bêtise comportementale du héros : le violeur, ce pourrait être un des copains du héros ? Ce pourrait même être lui-même ? Le violeur est le double en miroir du garçon qui le contraint à adopter la posture dénégatrice devant ce que lui raconte celle qui l’aime sincèrement et qu’il aime tout aussi sincèrement.

 


Le deuil maternel, le premier baiser (avec la langue) et le viol : trois situations mises en scène respectivement dans Antichrist, Les Beaux Gosses, et Who’s that knocking at my door ?. Et dans les trois cas, la mise en crise cinématographique des rapports de genre quand ils sont conformés par la domination masculine qui fait souffrir tant les dominées féminines que les dominants masculins, eux-mêmes dominés par ce système de domination. Entre le pouvoir psychique encore fort des représentations archaïques séparant le féminin et le masculin en deux pôles antithétiques tel que le montre le film de Lars Von Trier, et le virilisme adopté par ceux qui, dans le film de Martin Scorsese, considèrent les personnes de l’autre genre tantôt comme des mamans sexuellement intouchables, tantôt comme des putains à consommer et souiller, reste le film plus optimiste des trois, celui de Riad Sattouf. Celui-ci souffle in fine que, sur le plan de la sexualité naissante, le genre féminin dominé peut aider à mieux symboliser des expériences, et ainsi disposer de ressources toujours utiles pour oeuvrer à son auto-émancipation, expériences fondatrices au nom desquelles les dominants souffrent de ne vouloir privilégier que leur seul (et pauvre) imaginaire.

Franz B.

Partager cet article
Repost0
27 mai 2009 3 27 /05 /mai /2009 12:26

L’autocritique à l’estomac

 

Sont désormais bien connus les processus de bureaucratisation qui ralentissent et figent l'élan révolutionnaire à partir du moment où l'appareil d'Etat est investi et renforcé par le Parti qui s'en empare au lieu de disparaître avec lui. Ainsi des exemples russe, chinois, nord-coréen et cubain. Le sont moins les processus involutifs et régressifs dont ont été victimes les mouvements révolutionnaires qui ont préféré l'affrontement direct avec la machine étatique, mais qui, coupés des forces productives, se sont enferrés dans les impasses groupusculaires de l'ultra-gauchisme théorique et de l'action terroriste. Ainsi dans les années 70 de la Fraction Armée Rouge (RAF) en Allemagne de l'ouest, des Brigades Rouges (BR) en Italie, d'Action Directe (AD) en France, et de l'Armée Rouge Unie (ARU) au Japon. C'est la grandeur cinématographique de United Red Army que de rendre manifeste, pendant quasiment 200 minutes, une logique autodestructrice produite au cœur d'un mouvement historique qui n'avait pas d'autre but pourtant que l'émancipation politique et l'égalité partagée.

 


http://t1.gstatic.com/images?q=tbn:yKRp0V_AIq7dGM:http://images.fan-de-cinema.com/affiches/documentaire/united_red_army,0.jpgKoji Wakamatsu connaît très bien son sujet. Ancien yakuza qui a reconverti, au début des années 60, sa rage existentielle dans la réalisation de films d'exploitation (les pink-eiga, des films érotiques de série) de plus en plus tendus par une empathie pour la jeunesse contestataire de l'époque, le cinéaste proche de Nagisa Oshima (il a produit pour ce dernier L'Empire des sens en 1976 et L'Empire de la passion en 1978) a même réalisé des œuvres qui, du ciné-tract en faveur du FPLP intitulé Déclaration de guerre mondiale (1970) à L'Extase des anges (1972) en faveur de l'Armée Rouge, demeurent encore aujourd'hui des brûlots politiques rarement égalés. Aujourd'hui âgé de 73 ans, Wakamatsu a pu enfin réaliser son grand film sur l'Armée Rouge dont il a connu certains membres et, disposant du recul lui permettant de ne pas seulement s'en tenir à une empathie qui date de sa jeunesse, a su rendre compte esthétiquement d'un élan révolutionnaire dont le mouvement s'est renversé au profit d'une dynamique nihiliste dont la jeunesse actuelle, si elle se veut toujours révoltée (des facultés bloquées au contre-sommet anti OTAN de Strasbourg), doit tirer de nécessaires leçons. Le cinéaste s'est ainsi endetté jusqu'au cou pour pouvoir réaliser de manière complètement autonome un film dont pas un sou ne provient de l'Etat (qui de toute façon n'était pas intéressé par un tel projet).

 


La grande politique, selon Alain Badiou, exige une dynamique séparatrice au nom de laquelle doit se constituer un espace autonome de l'Etat et habitable afin de permettre la réalisation de l'émancipation collective telle que l'exige l'hypothèse ou l'idée communiste. Les cimes blanches où disparaît le terroriste de Cavale (2003) de Lucas Belvaux, l'appartement quelconque dans lequel les Brigades Rouges séquestrent Aldo Moro dans Buongiorno, notte (2004) de Marco Bellochio, la prison de Maze où sont brutalement incarcérés les militants de l'IRA dans Hunger (2008) de Steve Mac Queen, la jungle bolivienne dans laquelle se perd et s'essouffle la guérilla guévariste dans la seconde partie de Che (2008) de Steven Soderbergh, en passant ici par la montagne où se réfugient les deux factions (FAR – Faction Armée Révolutionnaire, et FRG – Front Révolutionnaire de Gauche) qui ont fusionné en 1971 dans l'Armée Rouge Unie : à chaque fois, le lieu habité par les groupes qui se réclament de la révolution est un espace inhabitable et contraignant à l'intérieur duquel le feu qui nourrit les convictions militantes risque l'extinction. En ce sens, il y a tout lieu d'opposer dialectiquement la dynamique positive de Hunger qui voit le corps collectif des militants emprisonnés être capable de faire disjoncter de l'intérieur le dispositif carcéral, à celle autrement plus négative de United Red Army où l'ouvert montagneux dans lequel s'établit le groupe militant réuni va progressivement se réduire à un huis clos sadien propice à l'auto-répression la plus délirante.

 


http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:_XhrhVF5clK01M:http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/ill/2009/05/04/h_4_ill_1188484_united-red-army-ter.jpgReposant sur trois blocs narratifs distincts d'environ une heure chacun, le film de Wakamatsu montre de manière dialectique que, précisément, l'absence de dialectique reste toujours fatale pour tout groupe convaincu par le communisme. Ainsi la première partie déploie, dans un entrelacement d'images d'archives et de reconstitutions fictionnelles, les processus historiques qui ont électrisé la société japonaise durant les années 60. Le refus en 1960 du traité entre les Etats-Unis et le Japon au nom de l'autonomie nationale et de la solidarité envers le peuple vietnamien (victime de l'impérialisme étasunien qui disposait au Japon de bases militaires), l'opposition étudiante contre l'augmentation des frais de scolarité universitaire redoublée par le détournement d'une énorme somme d'argent démontrant la corruption des dirigeants des facultés, et enfin la montée d'un gauchisme contestant l'hégémonie idéologique du PC japonais avec ses dérives staliniennes et profitant alors d’un climat international propice aux luttes tiers-mondistes vont converger dans l'éclosion de multiples formes de lutte, d'occupations de facultés à des grèves sauvages en passant par des blocages de gares. Le Mai 68 japonais, méconnu chez nous, aura été ainsi infiniment plus chaud que le Mai français, bien mieux connu ici. Le balancement entre bandes d'archives en noir et blanc et images fictionnelles comme épurées de toute couleur exprime par le biais d'un montage dialectique, et sur un fond sonore psychédélique et rock composé par Jim O' Rourke (fan du cinéaste, il a écrit la musique du film gratuitement) que les luttes sont déterminées par un contexte politique et social, national comme international, très tendu. En même temps, le privilège accordé à des scènes d'intérieur montre que le repli identitaire et l'ivresse phraséologique menacent en puissance des groupes qui peuvent perdre la tête s'ils perdent pied avec le mouvement social et populaire qui en dernière instance justifie pratiquement leur existence.

 


La deuxième partie, la plus terrible du film de Wakamatsu, ne sollicite quant à elle aucune bande d'archives. C'est qu'il n'en existe pas. Contrairement à l'assaut policier sur l'université de Tôdai occupée par des fractions gauchistes en janvier 1969 qui a été à l'époque surmédiatisée, il n'existe aucune archive sur la séquence qui a suivie. Le fractionnement de la grande fédération d'étudiants communistes Zengakuren constituée depuis 1948 en multiples groupuscules aux limites du sectarisme débouche à la fin des années 60 sur la domination de deux d'entre elles dont la fusion donnera en 1971 l'Armée Rouge Unie. Entre 1971 et février 1972, l'Armée Rouge braque des banques et des armureries, prend le maquis, et pratique l'entraînement militaire. La musique de Jim O' Rourke devient alors lancinante et triste (on pense au groupe canadien post-rock God speed you ! Black Emperor), les violons s'étant substitués à la guitare électrique. La durée des plans s'étire, le rythme s'alanguit. Les monochromes ocres dominent à l'image, favorisés par un tournage à la bougie et l'utilisation d'une caméra HD. Le repli vire, malgré l'ouvert de la montagne et de la forêt, à l'enfermement quasi sadien (là, on pense à Salo de Pier Paolo Pasolini réalisé en 1975). L'auto-réclusion favorise un climat paranoïaque et punitif qui voit émerger toute une brutalité collective cristallisée par la pratique militante alors en vogue qu'était l'autocritique, monstrueuse parodie de la confession chrétienne. 14 membres du groupe, poussés dans leur retranchement psychologique, et victimes d''une auto-répression collective, sont assassinés.

 


http://t3.gstatic.com/images?q=tbn:m20PSn8rA6XpqM:http://medias.telerama.fr/cinemovies/photos/18530/united-red-army-2009-18530-7469698.jpgLa volonté de détruire toute contradiction, la rivalité mimétique des deux factions, les jalousies intestines, la structure fortement hiérarchisée de l'ensemble héritée de la culture autoritaire et disciplinaire japonaise et inconsciemment intériorisée par tous, la discipline objective qui cherche à détruire toute forme d’écart subjectif à la règle, le repli antidialectique d'un mouvement qui est aussi le produit de la violence étatique et qui, incapable de sublimer celle-ci dans une activité militante organiquement reliée avec la masses des forces productives, se retourne à l'intérieur du groupe lui-même en paranoïa mortifère : voilà ce qui explique une dérive sectaire au nom de laquelle l'idéal communiste s'est mué en fascisme interne. Le frère cadet bat le frère aîné au nom de la pureté révolutionnaire. L’ami frappe l’ami pour son bien afin qu’il puisse renaître en soldat de la révolution. L’un d’entre eux agonisant aura cette parole terrible : « En quoi me frapper fait-il avancer le front révolutionnaire ? ». La plupart des massacrés par leurs propres camarades étaient de surcroît, malgré leur jeune âge (en moyenne 25 ans), d’excellents militants, et leur assassinat prend alors la valeur de symptôme exprimant le suicide d’une organisation incapable d’exorciser en dehors de ses rangs la violence si longtemps accumulée. Le principe de réciprocité structuré par l’empathie entre camarades s’est ainsi renversé en principe de réversibilité de l’ami en ennemi et de la vie en la mort, conduisant à l’illimitation de la violence. Le paroxysme est atteint quand Mekio Toyama (que le cinéaste a d'ailleurs connu), critiquée pour sa féminité bourgeoise un peu trop affirmée, se ruine méthodiquement le visage (en l’espace d’une coupe entre deux plans, elle paraît avoir vieilli de 50 ans), sombre dans la folie, agonise dans son urine, et meurt longuement à la suite de ses blessures. Les catégories psychologiques sont des catégories politiques, disait Herbert Marcuse. L'inverse est vrai également. Une certaine politique dont les formes sont surdéterminées par l’appel à la « guerre d’extermination », le fractionnisme, la coupure idéologique avec le réel, la verticalité hiérarchique et une vision réductrice du pouvoir qui le cantonne à l’Etat alors qu’il s’exerce au sein des rapports interpersonnels même les plus quelconques (comme le montrait déjà à l’époque Michel Foucault) aboutissent à l’horrible production d’un monstre digne du docteur Frankenstein. Soit une machine collective psychopathologique couturée d’embardées « micro-fascistes » (Gilles Deleuze). Cette violence est la résultante d'une radicalisation militante coupée du réel. Elle est l’aboutissement négatif du « groupe en fusion » décrit par Jean-Paul Sartre dans sa Critique de la raison dialectique écrite en 1960. Et c’est au terme de cette violence que la croyance communiste vire au délire sectaire sans retour autre que le discrédit médiatique auprès des dominés et le renforcement ainsi légitimé de l'arbitraire policier et de l’idéologie bourgeoise.

 


Commence alors la troisième partie de United Red Army, consacrée à l'épisode célèbre de l'assaut du chalet d'Asama en février 1972 occupé par cinq militants ayant participé et survécu au massacre. Autre séquence historique largement médiatisée afin de dissuader la jeunesse devant les postes de télévision de suivre l'exemple de l'Armée Rouge. L'intelligence de Wakamatsu réside dans son refus d'utiliser les bandes d'archives disponibles, préférant ainsi montrer le contrechamp (l'intérieur du chalet) invisible d'un champ largement dominé par la vision médiatique consensuelle. Le chalet ravagé, qui se trouve être celui du cinéaste lui-même, manifeste que, au-delà des errements théoriques du groupe qui a cru renouer avec Blanqui et en fait a reconstitué à son échelle le monstre des purges staliniennes, la brutalité policière parachève le projet étatique d'éradication de toute manifestation communiste, au-delà des impasses de l'Armée Rouge. 2 tonnes d’eau et plus de 3000 bombes (fumigènes, éclairantes et lacrymogènes) auront été déversées sur la tête des cinq militants, sans pour autant refroidir leur énergie, même au moment de leur arrestation. Sur le plan musical, Jim O'Rourke renoue avec le rock du premier mouvement, mais un rock moins saturé, plus mélodique et épuré, plus apaisé aussi. A l’image, les couleurs auront progressivement fait retour, comme si l’histoire elle-même retrouvait des couleurs par rapport à une séquence historique longtemps invisible et obscure. Pour finir, Wakamatsu montre comment la disparition de l’Armée Rouge Unie s’est réalisée parallèlement au renforcement de sa branche internationale, l’Armée Rouge Japonaise (ARJ) dirigée par Fusako Shigenobu (amie de Mekio Toyama) et responsable d’un certain nombre d’attentats terroristes, jusqu’à sa dissolution en 2006, 6 ans après l’arrestation de cette dernière.

 


http://t0.gstatic.com/images?q=tbn:QQIsq-uOudw--M:http://nellyblogue.typepad.com/.a/6a00e553aefca9883301156fa211fd970c-800wiTrois temps dialectiques : la chronique des années de braise étudiante scandée par des images d'archives ; le repli sans dehors de l'Armée Rouge s'autodétruisant par la pratique nihiliste de l'autocritique et confinant au film d'horreur ; l'attaque du chalet d'Asama filmée du point de vue anti-médiatique (c'est-à-dire du dedans, quand le dehors à cette époque était surdéterminé par le filtre optique télévisuel) et dans une approche épique rappelant les westerns du type Fort Alamo et Rio Bravo (ou leur reprise sous la forme de film d’épouvante tels Night of the Living Dead en 1968 de George Romero et Assaut en 1976 de John Carpenter). Voilà comment est constitué United Red Army qui déploie son geste esthétique tel un chant épique adressé à une jeunesse cramée, à une génération perdue et méconnue qui a moins défiguré l'idée communiste qu'elle s'est elle-même défigurée pour en entretenir l'idée. Jusqu’à la folie et la mort, entre massacres, suicides (celui du leader emprisonné de l’ARU, Mori, en 1973, comprenant l’horreur à laquelle il a participé), et incarcérations à vie (et l’attente toujours pour certains anciens militants dans le couloir de la mort). Ce qui ainsi s'expose dans son exemplarité négative, ce sont les tendances régressives auxquelles n'échappent pas ces produits structurellement historiques d’une civilisation marquée par les disciplines étatique, familiale, patriarcale et capitaliste, et que sont les groupes politiques révolutionnaires, malgré leur désir profond et authentique de rupture.


Franz B. 

 

Partager cet article
Repost0
16 mai 2009 6 16 /05 /mai /2009 11:23

La crise mondiale du capital favorise la multiplication d’essais critiques analysant les déterminations systémiques d’un régime économique structuralement porté, lorsqu’il s’agit de préserver ses taux de profit, à détruire les conquêtes sociales gagnées par le monde du travail. Sur la base d’un matérialisme partagé par deux économistes idéologiquement proches du NPA, Un pur capitalisme et La Grande crise du XXIe siècle savent décrire précisément les caractéristiques d’un capitalisme contemporain dont l’unique horizon historique est la crise sociale et environnementale.

 

1/ Michel Husson, Un pur capitalisme, éd. Page deux, coll. Cahiers libres, 2008, 204 p.

 

Le capitalisme contemporain tend vers un fonctionnement pur qui fait fi des anciennes régulations. Cette adéquation croissante d’une logique économique à son concept idéal se traduit de deux façons : par la « remarchandisation » de la force de travail, et par la formation tendancielle d’un marché mondial. D’abord cette « remarchandisation » signifie une hausse tendancielle du taux d’exploitation. Ce que prouve la baisse continue à partir des années 80 de la part salariale dans le PIB (produit intérieur brut) : les gains de productivité ne reviennent plus aux salariés mais aux profits. Ensuite, la valorisation du capital financier au détriment du capital industriel permet l’abolissement des cadres nationaux à l’intérieur desquels s’était constitué l’ancien compromis capital/travail (qualifié par les uns de keynésien, par les autres de fordiste). Flexibilité du travail et compétitivité internationale sont les deux mamelles d’un capitalisme qui n’a plus de compte social à rendre. Quant à la fonction de la finance, elle a servi à capter les gains de productivité, durcir la logique concurrentielle en fluidifiant les mouvements transnationaux de capitaux, et réaliser le marché mondial à l’intérieur duquel les transferts de capitaux partent massivement du Sud pour profiter au Nord.

 

L’intégration de la Chine « communiste » au sein du grand concert de la mondialisation du capital contredit les dogmes néolibéraux puisqu’elle résulte d’une politique industrielle volontariste doublée d’un contrôle étatique de l’investissement à l’étranger. La croissance chinoise, qui représente une véritable catastrophe écologique, dément l’argument libéral qui voit dans l’importation à bas prix de biens de consommations un bienfait pour les consommateurs occidentaux, puisque cette logique induit une baisse de la valeur de la force de travail et donc le gel des salaires.

 

Pourtant, ce processus est contradictoire, et rencontre deux limites sérieuses qui renforcent son instabilité systémique. D’abord, c’est la polarisation de toutes les sociétés en fonction du principe de l’accumulation du capital, qui sépare la partie s’inscrivant correctement dans cette dynamique et celle qui en est exclue, engendrant en conséquence un net creusement des inégalités. Ensuite, si les marchés les plus importants sont ceux où les salaires sont les plus élevés, la recherche des bas salaires réduit le volume total des débouchés que ne saurait compenser la seule augmentation des revenus des plus riches (qui préfèrent épargner). Ce qui entraîne une concurrence inter-impérialiste (Etats-Unis, Europe, Chine, autres pays émergents), et avec elle un déséquilibre permanent qui s’exerce au niveau mondial. Dominent avec les baisses d’impôt bénéficiant aux classes possédantes des déficits importants. Combinés à une spirale de l’endettement, ces déficits sont de plus favorisés par la baisse des taux d’intérêt qui a contribué récemment à la crise des « subprimes » à l’origine de la crise économique mondiale actuelle.

 

Pour répondre au défi de l’involution sociale et de la catastrophe écologique qu’entraîne ce capitalisme pur, il faudra instituer une moindre intensité des échanges internationaux, un recentrage vers la satisfaction des besoins sociaux, et la redistribution d’une partie des gains de productivité sous forme de temps libre. Ce qui implique une réduction des taux de profit et une autre répartition des revenus. Parce que le capitalisme privilégie l’accumulation dans les secteurs où les gains de productivité sont les plus élevés, les besoins sociaux urgents qui ne répondent pas à ce critère de rentabilité disent la croissance des contradictions systémiques d’un régime économique qui risque une implosion dont aucune garantie n’assurerait qu’elle ouvrirait la voie à une transformation sociale positive.

 

Ni l’Union Européenne qui n’a pas d’autre fonction que de s’inscrire dans cette dynamique autodestructrice, ni les idéalistes promouvant le « capitalisme cognitif » oubliant que la mondialisation du capital entraîne un mouvement de prolétarisation et de paupérisation international que ne saurait conjurer leur appel à l’intellectualité libre de toute industrie, ne proposent une solution qui ne repose que sur la volonté sociale et progressiste des masses de transformer les rapports de production qui les oppriment. D’où la nécessité d’une contre-expertise économique dans le champ des idées, comme de la fondation d’un programme politique anticapitaliste adossé sur la prise en compte du cadre international dans lequel se déroulent aujourd’hui les luttes de classes.

 

2/ Isaac Joshua, La Grande crise du XXIe siècle. Une analyse marxiste, éd. La Découverte, coll. Sur le vif, 2009, 136 p.

 

A la différence du XIXe siècle où la mondialisation concernait d’abord les échanges commerciaux, la crise du début du nouveau siècle est celle du capital productif associé à la généralisation mondiale du salariat. C’est l’ère des crises à dominante salariale qui débute avec la dépression de 1929. Si la pression à la baisse des salaires est un avantage pour l’équilibre d’un système qui privilégie les taux de profit, leur flexibilité à la baisse dans des économies où les salaires pèsent d’un poids prépondérant au sein du revenu national devient une menace pouvant entraîner une involution sociale généralisée. Le modèle de régulation fordiste favorisait, sur la base d’un rapport de forces favorable aux travailleurs, les salariés considérés comme des consommateurs, afin d’effectuer un rattrapage (l’Europe par rapport aux Etats-Unis, les pays occidentaux par rapport à une tendance à l’accumulation continue depuis l’avènement du capitalisme) brisé par la crise de 1929 et la seconde guerre mondiale. Désormais, une fois le rattrapage effectué et le fordisme détruit parce que sa stabilité commençait à entraîner la baisse tendancielle des taux de profit, la condition salariale se trouve progressivement démantelée, les marchés sont de plus en plus libéralisés et interconnectés, et l’Etat se voit confiné dans le registre de la pénalisation de la misère et de la révolte sociale, comme l’a toujours souhaité la revanche des élites néolibérales en sommeil depuis les années 30.

 

La financiarisation du capital accompagne cette révolution conservatrice, avec la place grandissante occupée par le financement direct au détriment de l’intermédiation bancaire classique, le pouvoir actionnarial, et la collectivisation de l’épargne. Cette sorte de titrisation universelle entraîne une mutation du patrimoine des ménages avec, au passif, le gonflement des dettes et, à l’actif, une montée des bulles spéculatives boursières et immobilières. Homogénéisation du rapport salarial, financiarisation du capital, et interconnexion mondiale induisent le fait qu’une crise dispose dorénavant d’une plus grande vitesse d’exécution et d’un plus grande espace de déploiement pour ravager plus violemment les sociétés du monde entier.

 

Avec la fin de la régulation fordiste, c’est la réinstallation d’une flexibilité à la baisse lors de conjonctures récessives qui poussent les dépenses des ménages vers le haut en réduisant leur épargne et en accroissant leur endettement. Aux Etats-Unis, imposés comme le modèle à suivre, le surendettement des ménages contraints à la surconsommation pour doper la croissance s’est substitué, depuis le premier mandat présidentiel de Ronald Reagan, à l’ancien compromis social au nom duquel la hausse des salaires était indexée sur l’augmentation de la productivité. La crise qui frappe ce pays, et tous ceux qui suivent de gré ou de force la référence étasunienne, est bien celle d’une suraccumulation de capital s’effectuant à un rythme tel que les taux de profit n’arrivent même plus à suivre. Comment une croissance à 2 % en moyenne (à l’époque qui précédait le surgissement de la crise) peut-elle durablement satisfaire des exigences actionnariales réclamant 15 % de retour sur investissement ? La crise de la nouvelle économie numérique de 2001 n’a pas été surmontée comme d’aucuns le prétendent, mais seulement stockée dans les déséquilibres qui ne cessent pas de cumuler leurs effets négatifs. Jusqu’à l’explosion actuelle. Désépargne publique et faiblesse de l’épargne privée convergent dans les déficits extérieur et budgétaire.

 

La sous-consommation ni la saturation des débouchés ne sont les causes structurelles de la crise. Mais c’est bien la suraccumulation de capital qui intensifie comme jamais la contradiction capitalistique primordiale entre le caractère de plus en plus social de la production et la forme toujours plus étriquée de la propriété. Ce qui invalide la thèse (néo)classique postulant l’équilibre « naturel » collectif obtenu par la défense des intérêts privés. La fuite en avant dans une vie à crédit poussée par la financiarisation du capital bute aujourd’hui sur la profitabilité limitée du capital réellement productif. Jusqu’à l’éclatement des bulles, la destruction massive des postes de travail, les transferts de fonds publics afin de renflouer les banques compromises par la politique libérale classique de la socialisation des pertes et de la privatisation des bénéfices. Toutes choses ravageuses, humainement et écologiquement.

 

Si l’instabilité est conjurée, la profitabilité est menacée. Si la profitabilité est reconstituée, l’instabilité revient : c’est cette équation capitaliste de base qui oblige à une considération économique globale du caractère systémique des crises, comme à la nécessité politique d’une rupture économique identifiant enfin la socialisation des rapports de production à la collectivisation des richesses produites.

Partager cet article
Repost0
5 avril 2009 7 05 /04 /avril /2009 19:39

La polémique relative à deux chansons du rappeur OrelSan, et à l’initiative d’un certain nombre d’organisations ou d’associations féministes (entre autres Pluri-Elles, SOS Sexisme, Elu/es Contre les Violences faites aux Femmes, Les Chiennes de garde et La Marche Mondiale des Femmes), est tout à fait légitime. Elle vise, outre à vouloir interdire la présence du rappeur au Printemps de Bourges, surtout à publiciser ce qui reste trop souvent cantonné à une approche sociétale faible en enjeux politiques : la violence, symbolique et physique, perpétrée envers les femmes.

 

Pour rappel, en France et en moyenne, une femme meurt tous les trois jours à la suite de violences conjugales [étude nationale sur les décès au sein du couple sur les neuf premiers mois de 2006 - Source police-gendarmerie]. Pour l'année 2004, les violences conjugales se chiffrent à plus de 39.000 faits constatés par les services de police et de gendarmerie : 162 femmes et 25 hommes tué-e-s par leur compagnon ou compagne, et 12 % des viols commis sur les femmes majeurs sont le fait de leur compagnon. Enfin, d’après une étude de l’Observatoire de la parité entre les hommes et les femmes, le coût des violences conjugales en France se chiffrerait, pour l'année 2004, à 1 milliard d'euros (coût santé, police-justice, logement-prestations sociales, etc.)

 

Certes OrelSan n’est pas le seul chanteur à exprimer des propos intolérablement sexistes, et il ne s’agit pas de stigmatiser tous les chanteurs (de rap ou d’autre chose). Mais l’occasion nous est ici donnée pour exposer, au cœur d’un débat public et sur des questions féministes, la singularité d’une point de vue politique soutenu par l’analyse sociologique. A ce premier problème s’en ajoute un second : la manière dont un discours consensuel, toujours réitéré par les médias, s’empare de cette question pour continuellement seriner que la violence sexiste s’exerce davantage dans un certain type de milieu social, à savoir ici les quartiers populaires.

 

D'une part, il est évident que ce rappeur, malgré la manière dont il a voulu se défausser du contenu de la première chanson incriminée et intitulée Sale pute en affirmant qu'il incarnait un sexiste de fiction inventé pour le critiquer, paraît devoir ignorer toute forme stylistique de distanciation qui rendrait justement compte de l'écart entre le personnage interprété et son interprète. Ensuite, la deuxième chanson intitulée J’aime pas la Saint-Valentin, fonctionnant de la même façon que la précédente, confirme le malaise. Cet aspect "je persiste et je signe" ne permet plus d'avoir aucun doute sur l'individu.

 

D'autre part, le cynisme mercantile de ce rappeur, fils d'une institutrice et d'un directeur de collège en Normandie qui n'a donc jamais vécu dans les quartiers de la relégation sociale, s'origine dans une représentation figée de la jeunesse des quartiers populaires considérée massivement comme sexiste, et à laquelle il s'adresse comme s'il avait affaire à un segment de marché facile à cibler. Sans compter sur une volonté probable de polémique renversée, selon des mécanismes de marketing élémentaires, en scandale, et donc en publicité gratuite.

 

Enfin, et c'est le plus important, parmi toutes les organisations et associations féministes citées précédemment, figure également Ni Putes Ni Soumises, ce satellite du PS qui représente pour le sexisme ce que SOS Racisme vaut pour le racisme, à savoir l’instrumentalisation consensuelle et médiatique de questions spécifiques pour les envisager dans une perspective dépolitisée et déconnectée de toute critique des formes sociales de domination. Cette association, anciennement dirigée par la sarkozyste Fadela Amara, profite de la situation pour montrer à tout le monde qu’elle ne vivote pas seulement sous perfusion grâce aux subventions généreuses offertes par des institutions publiques (Conseil régional d’Île-de-France, Mairie de Paris, etc.) comme par des entreprises privées (FNAC, L’Oréal, Vinci, Philip Morris, Philippe Starck, etc.) qui la maintiennent encore à flot alors que son implantation dans les quartiers populaires est davantage fantasmée que réelle.

 

La polémique « OrelSan », surtout quand des groupes d’intérêt tels Ni Putes Ni Soumises s’en mêlent, est de notre point de vue l’expression symptomatique d’un certain type consensuel de discours féministe dramatiquement incapable d'articuler anti-sexisme et antiracisme, sacrifiant le second terme pour privilégier le premier. Ce discours certes ne domine pas la totalité du féminisme français. Mais ses lieux communs, incessamment répétés et médiatiquement relayés, et qui affirment que la frange la plus sexiste de la population française vit dans les quartiers populaires, sont tout simplement faux sur le plan sociologique. Comme le montre l'enquête ENVEFF coordonnée en 1999 par Maryse Jaspard. Comme l'ont répété les sociologues Eric Macé et Nacira Guénif-Souilamas dans leur livre Les Féministes et le garçon arabe. Et comme le rappellent encore récemment les sociologues Christine Delphy et Sylvie Tissot dans un point de vue argumenté situé dans le numéro de Politis (semaine du 26 mars 2009, n°1045).

 

Pour le coup, il y a tout lieu de critiquer et déconstruire le discours visant à stigmatiser les habitant-e-s (notamment les garçons d'ascendance migratoire et coloniale) des quartiers populaires, forcément sexistes puisque pauvres et acculturé-e-s. Alors que l'on sait que le sexisme, comme forme structurelle de domination spécifique et irréductible aux autres formes de domination que sont le capitalisme et le racisme, traverse sans exclusive ni hiérarchie toutes les classes sociales.

 

Le sexisme (réel) des pauvres ne devrait plus être cet écran idéologique visant, par l'insistance politiquement intéressée à ne parler que de lui, à refouler le sexisme (réel) des plus riches. Qu’il s’agisse du rappeur OrelSan ou du député UMP de la Moselle Jean-Marie Demange, qui s’est récemment suicidé après le meurtre de sa compagne, et pour qui une minute de silence fut donnée à l'Assemblée nationale ! C'est un élément politique important que l’on se doit de faire entendre pour être crédible auprès de toutes les personnes victimes de la domination, qu’elle relève du domaine de l’exploitation capitaliste, du patriarcat, comme du racisme.

 

Franz Biberkopf

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
23 mars 2009 1 23 /03 /mars /2009 22:42
Occupé à la promotion de ce nouveau chef-d'oeuvre du 7ème art qu'est Coco (cette apologie de la vulgarité friquée qui est une resucée de numéros comiques déjà éprouvés sur scène par leur auteur qui espère ainsi une chouette plus-value ponctionnée du côté d'un public forcément déjà conquis), Gad Elmaleh, le comique préféré du bon peuple français, a affirmé le 17 mars dernier sur les ondes de la radio du patronat Europe 1 que "le bouclier fiscal à 50%, c'est très bien". Il se trouve que le gars Gad ne souffre d'aucune contradiction, ayant supporté (certes plus discrètement que ses coreligionnaires en humour Christian Clavier et Jean-Marie Bigard) Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de 2007.

C'est Sarkozy lui-même d'ailleurs, mandaté par la bourgeoisie dont il est le digne chien de garde de ses intérêts bien compris, qui a instauré ledit bouclier fiscal, plafonnant les prélèvements fiscaux concernant les plus hauts revenus non plus à 60 % comme cela était le cas précédemment mais désormais à 50%. Bouclier fiscal : syntagme délicieux et idéologiquement pervers signifiant la crainte des possédants et leur légitime aspiration à une protection de classe face aux miasmes revendicatifs de la horde des partageux seulement acceptables s'ils consomment en masse (du spectacle comique par exemple). Il est vrai qu'autoriser l'économie d'une quinzaine de milliards d'euros par la classe des individus déjà tellement pétés de thunes qu'ils n'arrivent même pas à les dépenser, c'est favoriser l'épargne, donc la rente, donc la spéculation, donc la ponction financière des richesses produites par le travail, donc les instruments financiers les plus délirants, donc les subprimes, etc.

Quand on sait qu'Elmaleh touche plusieurs millions d'euros par an, la chose est somme toute indécente, et rappelle que l'humoriste populaire appartient à la classe des grands bourgeois pour laquelle le peuple n'est bon que pour se faire exploiter, consommer et fermer sa gueule (le revenu mensuel médian effleure à peine les 1.500 euros). Imaginons pourtant le calcul suivant : si Gad Elmaleh touchait seulement 1 million d'euros par an avant prélèvements fiscaux, et si le taux d'imposition de sa tranche était porté à 90% des revenus (le bourgeois tremble rien qu'à l'idée d'un tel calcul !), l'horrible Etat voleur ne laisserait alors qu'à l'humble artisan du rire 100.000 euros pour survivre. Alors que le gassouillet smicard, avec ses 1.000 euros par mois, ne touche au final par an qu'à peine un peu plus de 10.000 euros. Soit un différentiel de 1 à 10 ! Elmaleh, même victime de l'odieux Etat redistributeur, serait 10 fois plus riche que le smicard repu par les mannes de la providence étatique.

Heureusement que Sarkozy veille à ce que les richesses soient ventilées équitablement (à chacun selon ses mérites, et Dieu pour tous) plutôt qu'en toute égalité (à chacun selon ses besoins, sans obérer ceux des autres)  : Gad Elmaleh est une machine à profit capable d'extraire du rire une valeur marchande hautement côtée à la bourse de l'humour marchand, c'est bien normal que sur les 10 millions d'euros qu'il touche annuellement, il puisse jouir de 5 millions pour ne pas savoir qu'en faire et, sans établir un quelconque rapport entre les deux choses, lâcher quelque soupir devant les miséreux entraperçus à la télévision lors du show annuel des Restos du coeur. Les enfoirés, ce seraient ces pauvres à exiger toujours plus des riches qui font ce qu'ils peuvent pour ces derniers. Les faire rire - d'un rire payant - par exemple.

50 %, c'est même trop d'ailleurs, quand on y pense !

_ Dis donc Coco, les impôts, ce truc destiné à faire les poches de ceux qui fabriquent de la valeur pour rembourrer celles trouées de la gueuserie en guenille toujours bonne à faire grève et se plaindre, et si on les supprimait purement et simplement, hein ?

_ Euh, ouais, d'accord, mais comment y font les gens pour assister à tes spectacles sans transports en commun,  infrastructures culturelles, salles municipales, ni minima sociaux largement financés par les recettes fiscales ?

_ Ouais, dur ! "50%, c'est très bien".

Franz biberkopf
Partager cet article
Repost0
3 mars 2009 2 03 /03 /mars /2009 17:55
AH! Un nouvel album des Fatals Picards! Retrouver l'humour corrosif et délirant de groupe aux textes jubilatoires, dont il vaut mieux retenir "Chasse, pêche et biture" que leur passage à l'Eurovision...

Les Fatals Picards sont donc de retour, après le départ du dernier Picard d'origine vers d'autres horizons. C'est à 4 qu'ils nous livrent Le Sens de la Gravité, nouvel album très, très réussi. Le passage des Fatals Picards vers des textes plus engagés politiquement se faisait déjà nettement sentir dans Pamplemousse Mécanique, avec des chansons telles que Mon père était tellement de gauche, Le mariage de Kevin et ma soeur (sur les fumiers ordinaires, petits fachos quotidiens) ou La sécurité de l'emploi (sur les "joies" du métier d'enseignant).

Le Sens de la Gravité confirme cette tendance, sans pour autant nous priver du délire typiquement fatalpicardesque. Mais disons le tout net, à la première chanson de l'album, franchement, on ne rit pas. On se contente de se délecter de cet hymne aux luttes de la classe ouvrière. Combat ordinaire décape sévèrement, et devrait devenir en toute logique un classique des manifs et des cortèges en mal de slogans. L'appel à "piquet de grève comme on pique une colère" est particulièrement d'actualité. C'est efficace, et très juste, mais beaucoup plus grave que leurs textes habituels.

Ils ne s'arrêtent pas aux combats de la classe ouvrière, mais visent aussi juste concernant les sans-papiers (Le jardin, humour 100% noir) ou les SDF (Canal Saint-Martin).

Et puis on retrouve aussi ce qui fait une bonne partie du charme inégalable des Fatals Picards: des chansons de haine contre les cons, des vrais défouloirs qui y vont au lance-flamme sans faire de quartier. On a ainsi droit à un morceau d'anti-américanisme d'anthologie avec Ma baraque aux Bahamas (qui vaut largement La Country d'une piste "poubelle" d'un album précédent!), une descente en règle des supporters "moitié connards, moitié Ricard" dans Les Princes du Parc, ou une charge au vitriol contre les sportifs professionnels dans Chinese Democracy.

Bref, ça fait rire, ça fait réfléchir, ça fait du bien!

Seul bémol, deux reprises qui n'étaient pas indispensables (Seul et Célibataire 2, Mon père était tellement de gauche): on aurait préféré des morceaux originaux supplémentaires, et en particulier trouver Le jour de la mort de Johnny. Ce morceau était initialement prévu, mais leur maison de disque a fait du chantage pour qu'ils le retirent (mais une petite recherche sur Internet permet de la trouver...).
Partager cet article
Repost0
26 août 2008 2 26 /08 /août /2008 10:03
Il y a parfois des télescopages d'actualité fascinants, et que pourtant pas un journaliste ne relève.

Vendredi dernier, 22 août, un bombardement américain massacre 90 civils afghans. L'administration etats-unienne expédie l'événement en une phrase de regret, sans rien changer à sa stratégie et en clamant que le massacre était "légitime" ! Ce genre de "bavure" est fréquent et régulier, au point que le gouvernement afghan sent qu'il faut faire semblant de réagir : il annonce vouloir renégocier la présence des troupes d'occupation en Afghanistan. Il s'agit évidemment d'une manoeuvre dilatoire. Le gouvernement Karzaï ne doit sa place qu'aux Américains. Il n'a ni les moyens ni la volonté de s'opposer à eux. Et les interventions militaires américaines s'accompagnent systématiquement de massacres de civils, que ce soit en Serbie, en Irak, en Afghanistan ou dans toute autre partie du monde.

Hier, 25 août, Sarkozy fait une nouvelle fois main-basse sur un événement de la 2ème guerre mondiale pour sa communication personnelle. Il commémore le massacre de 124 habitants et habitantes de Maillé par les nazis le 25 août 1944.

L'actualité lui inspire-t-elle un parallèle avec le crime de guerre commis par ses amis et alliés US en Afghanistan? Pas le moins du monde. C'est avec la mort des 10 militaires français en Afghanistan qu'il ose faire un parallèle ! Un militaire est un professionnel de la mort ; un civil est une victime. Il est indécent de comparer un assassinat de civils par des militaires à la mort de militaires pendant le travail qu'ils sont payés pour réaliser. C'est encore plus indécent quand les mêmes troupes apportent un soutien continu et permanent aux massacres de civils perpétués par l'armée américaine. Il est vrai qu'en matière de soutien à des massacres de civils, l'armée française semble avoir acquis une sérieuse expérience au Rwanda, si on en croit le rapport des autorités rwandaises.

L'indignation de Sarkozy est à géométrie très variable. Un mort ne pèse pas la même chose pour lui, selon sa nationalité, et surtout selon l'uniforme de son assassin.

Espérons qu'un jour les crimes de guerre, aussi bien américains que français, seront jugés et que les responsables rendront enfin des comptes.
Partager cet article
Repost0