Le Conseil général râle contre l'Etat qui lui doit un gros paquet de pognon. En avril, un budget a été voté qui prévoyait le remboursement d'une toute petite partie de sa dette par l'Etat au département. Ce budget a été jugé "insincère" et retoqué par la Chambre régionale des comptes. Il s'agit évidemment d'une décision politique. L'Etat sarkoziste transfère les charges aux collectivités locales et les recettes à l'Etat (suppression de la taxe professionnelle, par exemple). Ce bonneteau permet de tenter de camoufler un tout petit peu la gestion désastreuse de l'UMP, et de stigmatiser les collectivités locales censées "trop" dépenser alors qu'elles sont étranglées financièrement par un Etat partial, dont le but réel est de supprimer des prestations et des droits sociaux, mais en faisant porter le chapeau à d'autres.
Il fallait donc revoter le budget après les observations de la Chambre régionale des comptes. Ce fut le cas vendredi. Le groupe communiste a proposé des amendements pour sauver certaines actions sociales, s'exonérant à bon compte de sa gestion calamiteuse lorsqu'il dirigeait le Conseil général et l'endettait sur des produits hautement spéculatifs. L'UMP égal à lui-même racontait n'importe quoi. Quant au PS, il reste sur sa ligne pourrie: faire de la comm' plutôt que de la politique.
Certes, le budget revoté continue à contenir les éléments "litigieux" du point de vue de la Cour régionale des comptes. Mais sur le fond, quels moyens d'actions sont proposés pour obliger l'Etat à payer sa dette? Pas grand-chose. Pourtant, la Seine-Saint-Denis a vraiment besoin de cet argent. C'est le département qui compte le plus d'allocataires du RSA , d'après des premières estimations très partielles. Le retard pour mettre en place les applications informatiques de suivi et de réinsertion des allocataires n'aident pas à se faire une idée précise: un problème de budget, peut-être?
Alors, quels moyens pour faire rendre gorge à cet Etat sarkoziste qui vole aux pauvres pour donner aux riches?
- Une banderole quasi invisible sur la façade d'un des bâtiments du Conseil général;
- Une lettre à Sarkozy;
- Une grande campagne de pub dans tout le département pour faire la promotion du dernier numéro du journal départemental, dont la Une consacrée à ce sujet permet surtout de faire la promotion de Claude Bartolone. Une grande campagne de pub dispendieuse pour expliquer qu'il faut faire des économies, c'est vraiment malin! Mais le principal, c'est que Decaux soit content...
- Des tracts PS dans les boites aux lettres, en quadrichromie et papier glacé (très écolo!), invitant à un signer une pétition sur les blogs de nos chers élus PS, bref, encore de la promo personnelle. Sur Bondy, il s'agit de soigner l'image d'"opposants" de Gilbert Roger et Sylvine Thomassin, foudres de guerre bien connus! C'est d'autant plus risible qu'au lendemain de la distribution de ces tracts dans les boites aux lettres bondynoises, la fameuse pétition n'est absolument pas plus disponible sur le blog de Gilbert Roger que sur celui de Sylvine Thomassin qui ne mentionne même pas la question du budget départemental en une... Et puis au passage, un petit coup de chapeau aux permanents du Parti socialiste, pas même foutus de recopier correctement une adresse de site: alors qu'au verso l'adresse du blog de Gilbert Roger est correcte, au recto, elle est erronée, un trait d'union ayant été remplacé par un point. Le résultat: une adresse qui n'existe pas... comme la combativité de "nos" élus? On pourra revenir également longuement sur ce que ces deux élus bondynois veulent faire de moyens supplémentaires...
Bref, l'action collective se résume à une pétition en ligne. L'information sur les arbitrages budgétaires décidés par l'exécutif départemental est nulle, aussi bien sur le site du département que sur celui des élus. Comment les habitants et les habitantes de ce département peuvent-ils se sentir concernés et se saisir de la résistance à ce hold-up d'Etat, alors qu'on ne leur explique même pas ce qu'on est en train de leur piquer? Ce n'est pas quand les actions culturelles auront été définitivement supprimées, la carte Imagine R sabrée ou l'ordinateur collégien remplacé par un prêt de boulier (ce ne sont que quelques pistes évoquées ici ou là) qu'il faudra se mobiliser. A moins bien sûr que Bartolone et ses complices craignent bien plus une mobilisation de la population que la coupe de "leur" budget (en fait, il est peu probable que le train de vie des élus pâtisse beaucoup de ces coupes...).
Pourtant, les cibles pour une légitime vindicte populaire ne manquent pas. Nous en suggérons quelques-uns à Claude Bartolone: la préfecture, représentation officielle de l'Etat en Seine-Saint-Denis; les permanences UMP et surtout le siège de la fédération UMP de Seine-Saint-Denis à Livry-Gargan; le siège du MEDEF de l'Est Parisien à Rosny-sous-Bois, puisque ce sont les escrocs patronaux qui ont exigé la suppression imbécile de la taxe professionnelle... Et encore, nous ne nous sommes pas vraiment creusé la tête...
Cet article est également publié sur Expression93.fr.