Sarkozy doit être terrifié. S'il ne l'est pas, il devrait. Car un ennemi terrible se lève contre lui. Le prolétariat? Un vaste mouvement social? Les syndicats? Non, non, pire: Claude Bartolone, le président du conseil général de la Seine-Saint-Denis et sa... banderole.
Oui, une banderole. Wahou. Ca, c'est de la révolte.
Bartolone a voté un budget qui inclut un remboursement prévisionnel de la dette de l'Etat à l'égard du département. C'est ça qu'il appelle "se révolter". Oui, pour un social-démocrate, demander son dû, c'est déjà de la révolte. Enfin, même pas tout, il ne faut pas non plus exagérer. Alors que l'Etat doit au moins 640 millions depuis 2004 (pour un budget d'environ 1,5 milliards annuel!) au département le plus pauvre d'Ile-de-France, Bartolone ne quémande que le remboursement d'à peine 80 millions. On mesure donc déjà le sérieux et la violence de la "révolte".
On la mesure mieux quand on voit les moyens terrifiants mis en oeuvre pour obtenir satisfaction! Manifestation? Blocage du fonctionnement du département? Occupation de la préfecture et expulsion manu militari du Rambo que Sarkozy vient de nommer comme préfet? Non, non, il faut rester humain, quand même. Non, on accroche une banderole avec un message complètement incompréhensible pour le commun des mortels ("département menacé, services publics en danger"); histoire d'être vraiment efficace, on ne la met pas bien évidence côté gare routière Pablo-Picasso, mais de l'autre côtén, là où personne ou presque ne la voit; et on fait une pétition complètement virtuelle (même les agents du département ne sont pas au courant de son existence, c'est dire!). Ah là, ça va mobiliser les foules, un truc pareil. Ca va faire trembler le pouvoir! Ca ne rigole plus, là. On est à deux doigts de la révolution. La prise de la Bastille, à côté, c'était un réveillon chez les bisounours!
Allez, il faut quand même remercier Bartolone pour une chose: on n'a pas tant d'occasion de rire actuellement...