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  • : Communistes libertaires de Seine-Saint-Denis
  • : Nous sommes des militant-e-s d'Alternative libertaire habitant ou travaillant en Seine-Saint-Denis (Bagnolet, Blanc-Mesnil, Bobigny, Bondy, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin, Rosny-sous-Bois, Saint-Denis). Ce blog est notre expression sur ce que nous vivons au quotidien, dans nos quartiers et notre vie professionnelle.
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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 19:40
Depuis le piquet de grève de mars 2009, et la procédure de régularisation des dix salariés sans papiers d''origine malienne qui s'en est suivie, la situation des Canal Toys du Blanc-Mesnil en Seine-Saint-Denis (93) est la suivante : huit salariés ont obtenu depuis août dernier des récépissés, un autre est toujours en attente de ce type de documents qui l'autoriseraient à travailler comme ses autres camarades dans l'entreprise de jouets du Blanc-Mesnil. Quant au dernier, son sort est plus difficile puisqu'il a appris, au cours de la procédure de régularisation, qu'il a été frappé il y a trois ans d'une interdiction de territoire de dix ans. La tuile, mais notre réseau de syndicalistes et de juristes planche sur le sujet afin de trouver une issue positive à cette décision inique. Des récépissés, mais toujours pas de cartes de travail plastifiées valables un an. Pourquoi ? Un raté administratif entre l'OFII (Office français de l'immigration et de l'intégration remplaçant depuis 2009 l'ANAEM, l'Agence nationale de l'accueil des étrangers et des migrants) et le service MOE (Main-d'oeuvre étrangère) de la DDTEFP (Direction départementale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle) a entraîné l'oubli de la visite médicale obligatoire afin d'obtenir la précieuse carte.

La bureaucratie républicaine pète, et ce sont les salariés sans papiers, les Canal Toys comme tant d'autres dont la lutte actuelle est si déterminante pour le mouvement social et son avenir, qui puent, empêchés qu'ils sont de pouvoir disposer d'un titre de travail auquel ils ont droit. Donc, à nouveau renouvellement du récépissé. Et là, après le premier cercle de l'enfer administratif que constitue le dépot des dossiers, et avant le troisième cercle relatif au renouvellement des récépissés, c'est un deuxième cercle infernal, tout aussi digne de Dante, qu'il faut franchir pour pouvoir détenir le précieux document. La chose ne paraît guère compliquée : il faut se pointer suffisamment tôt sur l'esplanade Jean-Moulin de Bobigny pour espérer pouvoir passer en premier dans la file numéro deux au sein de laquelle se trouve la population venue renouveler ses documents provisoires (la file n°1 étant celle du dépôt des dossiers quand la file n°3 est celle concernant les demandeur-se-s d'asile).

Un horrible programme se profile alors en perspective : attendre parfois pendant plus de neuf heures d'affilée pour être sûr de passer (certain-e-s sont déjà là depuis 23 heures) ; se tenir quasiment sans interruption debout, parfois dans le froid d'un rude hiver, parfois sous une pluie continue ; voir passer des policiers une lampe à la main et mépriser du regard ou éclairer violemment les visages des présents dont la patience est ainsi mise à rude épreuve ; supporter les heurts entre personnes qui essaient tant bien que mal de conserver leur place dans la queue quand d'autres essaient de resquiller ; se taper les délires des uns abîmés par la souffrance sociale qui est la leur et le visage triste des autres symptomatique de la même souffrance ; remarquer les vendeurs de café à la figure triste qui arpentent toute la nuit la file en espérant une petite transaction ou encore les individus qui vendent les places relatives à la place qu'ils occupent dans la queue ; être entassé les uns sur les autres (et on peut dénombrer des femmes enceintes, des personnes handicapées, parfois des enfants en bas âge) dans une fatigue collective qui plus d'une fois les fait ressembler à du bétail prêt pour l'abattoir, ce dont tout le monde ici a parfaitement conscience.

Pour beaucoup de présent-e-s dans la file, tout cela paraît infâme, indigne, immonde, abject, inhumain. Précisément, quand l'infâmie, l'indignité, l'abjection et l'inhumanité sembleraient se situer du côté d'une logique administrative froide et impersonnelle qui travaille à écoeurer les prétendant-e-s à une régularisation à laquelle ils et elles ont droit, la dignité et l'humanité résident du côté de celles et ceux qui, résigné-e-s, jouent plutôt tranquillement le jeu de la loi républicaine. Alors que ce jeu participe à l'ensauvagement de la société. Comment ne pas être enragé-e devant pareils outrages ? Comment ne pas être ému-e aussi du calme relatif qui règne du côté de dominé-e-s qui résistent de tous leurs pathétiques efforts pour ne pas succomber aux processus de dégradation et d'animalisation dont ils et elles sont les victimes ? Faudrait-il penser à inviter Besson et sa cohorte d'affidé-e-s à vivre pareille situation pour qu'ils et elles comprennent enfin, dans la profondeur de leur chair, la bêtise avilissante d'un système qui paraîtrait devoir réduire l'autre en un être moins humain qu'eux ?

Ce n'est quand même pas compliqué : régularisation de tous les sans papiers, nos égaux en prolétariat. Ainsi, les préfectures seront désengorgées, et les fonctionnaires (dont le nombre diminue aussi ici à cause de la RGPP, la Révision générale des politiques publiques qui taillent des croupières dans l'Etat social depuis 2008) feront un autre boulot que celui pour lequel les imposé-e-s que nous sommes sont obligé-e-s de les payer aujourd'hui : humilier les offensé-e-s.
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