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  • : Communistes libertaires de Seine-Saint-Denis
  • : Nous sommes des militant-e-s d'Alternative libertaire habitant ou travaillant en Seine-Saint-Denis (Bagnolet, Blanc-Mesnil, Bobigny, Bondy, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin, Rosny-sous-Bois, Saint-Denis). Ce blog est notre expression sur ce que nous vivons au quotidien, dans nos quartiers et notre vie professionnelle.
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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 20:25

http://2.bp.blogspot.com/_k0soiGAIA1Y/R8w4RgetS_I/AAAAAAAAAHk/-rGsh-GjtoA/s400/LaurenceParisot.jpgEric Verhaeghe, vous connaissez ? Né en 1968 à Liège en Belgique, passé par l’ENA (le papa ouvrier dans le bâtiment devait très content de l’ascension sociale de son fiston), ayant gratté du papier pour le ministère de l’éducation nationale, le bonhomme devient directeur des affaires sociales de la FFSA (la Fédération Française des Sociétés d’Assurance), est élu président de l’APEC (l’Association Pour l’Emploi des Cadres) et représente le MEDEF dans plusieurs organismes, des régimes de retraite complémentaire AGIRC-ARRCO en passant par la CNAV (l’assurance-vieillesse) et le Pôle Emploi. Autant dire que ce pur représentant des intérêts du patronat français n’est pas ici ce qu’on pourrait appeler un camarade de classe. Alors, pourquoi s’intéresser à un tel individu qui représente la logique capitalistique (via la notion d’assurance privée) de casse de la protection sociale et du salaire socialisé qui demeurent en puissance les principes objectifs d’une émancipation totale des classes populaires et laborieuses ?

   

C’est que le gars n’est pas content du MEDEF. C’est qu’il a claqué la porte de l’APEC avec fracas en janvier dernier. Cette association paritaire créée en novembre 1966, qui est financée aux deux tiers par les cotisations prélevées sur les salaires des cadres, et où siègent dans son conseil d’administration les cinq organisations syndicales représentant les cadres salarié-e-s du privé (Ugict-CGT, CFE-CGC, CFDT Cadres, UCI-FO, Ugica-CFTC), dispose de deux missions : les missions dites d’intérêt général (comme les services aux cadres en emploi) et les missions dites concurrentielles (comme les services aux cadres au chômage). Et le MEDEF, s’appuyant sur une décision au niveau européen, considère comme contraire à la sacro-sainte « concurrence libre et non faussée » le fait pour l’APEC d’employer ses 94 millions d’euros de cotisations pour financer ses missions « concurrentielles » qui devraient du coup revenir à Pôle Emploi. S’il est évident que l’Etat lorgne sur la cagnotte de l’APEC et veut ouvrir le marché lucratif de placement des cadres au chômage au secteur privé et ses cabinets et autres agences d’intérim, Eric Verhaeghe a profité de la crise actuelle vécue par l’organisme pressuré d’un côté par le MEDEF et de l’autre par l’Etat pour dire tout le bien qu’il pensait de ses anciens amis.  

 

L’immobilisme "brejnévien" du patronat  

 

Ce que dit Verhaeghe dans son livre intitulé « Jusqu’ici, tout va bien ! Enarque, membre du Medef, président de l’APEC, je jette l’éponge ! » (éd. Jacob-Duvernet) n’est pas nouveau pour tout-e militant-e pour qui progressisme rime avec anticapitalisme. Mais le fait même qu’un représentant (certes minoritaire) du patronat se fasse le relais de ce que pensent leurs opposant-e-s, c’est toujours bon à prendre à l’heure où règne le dogme apolitique et post-démocratique du consensus. Déjà, il est question d’« immobilisme brejnévien » dans l’organisation du MEDEF qui se veut pourtant un modèle de vertu en termes de valorisation de la philosophie libérale. C’est que, comme on le sait et comme le découvre peut-être tardivement Verhaeghe, les dogmes sont rigides dans l’organisation patronale. Par exemple « le principe de rationalité des marchés » alors que c’est l’équivalent de 600.000 milliards d’euros (soit dix fois la richesse mondiale) que s’échangent les capitalistes chaque jour sur les marchés financiers (notamment les marchés dérivés où se négocie par exemple le cours des devises et des matières premières…), et cela sans aucune relation directe avec le monde de la production. A ce premier dogme concernant (comme dirait Marx) la subsomption du capital productif sous le capital financier au nom, non pas de l’investissement productif, mais de la rentabilité actionnariale, et au risque de la spéculation et de l’émeute de la faim (mais, comme le montrent actuellement les peuples arabes qui manient la dialectique de manière bouleversante, il faut faire de l’émeute de la faim le principe de base d’une révolte populaire et d’une révolution sociale et politique), se joint la dénonciation justifiée d’un autre dogme relatif cette fois-ci au coût du travail. On ne cesse pas de nous seriner que les salarié-e-s sont trop payé-e-s, et qu’elles et ils ne doivent pas toucher un euro de plus, au risque de la catastrophe inflationniste. Au moins, Verhaeghe a lu quelques bons livres d’histoire, puisqu’il rappelle l’épisode élémentaire du New Deal étasunien et de sa politique de relance soutenue par la consommation (et donc les salaires). Identifiant la crise de 2008 avec celle de 1929, Verhaeghe a raison d’insister sur la question nucléaire de l’endettement qui résulte de la compression des salaires. Bon, la position soutenue par le « renégat » sorti de l’APEC ne va pas plus loin que la régulation keynésienne, mais c’est dire l’intégrisme ou le fondamentalisme ultralibéral qui règne dans les esprits embrumés par la soif de plus-values des patron-ne-s du MEDEF.  

 

Une « charge » pour les patron-ne-s, une subvention pour l’Etat :

pour nous, la ponction de nos cotisations sociales  

 

De façon plus circonstanciée, Verhaeghe traite de l’odieuse politique d’Etat d’allégement de cotisations sociales dont bénéficie le patronat depuis au moins 1993 (alors grâce aux bons soins d’Alain Juppé), ce salaire socialisé que les idéologues patronaux et libéraux de tout poil appellent indûment « charges », parce que, vous comprenez, le salaire, c’est du poids mort, c’est lourd, ça pèse, c’est du gras, c’est pas bien… Le pire, dans cette imposition idéologique d’une terminologie travestissant la réalité, c’est quand elle est reprise par les salarié-e-s et leurs représentant-e-s du monde syndical. Pas la peine de se plaindre que les caisses de la sécurité sociale sont vides si on n’est même pas capable de comprendre le monde social dans lequel on vit ! Fin de la parenthèse et reprenons. Verhaeghe rappelle que le ratio convenu entre Etat et patronat (et censé légitimer ce qui est en réalité une subvention accordée aux exploiteur-se-s grâce à une ponction étatique directe sur les salaires) est le suivant : 30 milliards d’euros pour 400.000 emplois créés. En gros, la subvention pour chaque emploi se monte à 75.000 euros. Normalement, un emploi créé avec un allégement de cotisations sociales coûte 27.000 euros. Faites le calcul, il est rapide, mais pas indolore : pour un emploi jusqu’à hauteur de 1.6 Smic, l’Etat investit à peu près 4.5 Smic, soit quasiment le triple (et cet investissement, cette subvention, c’est une prime à l’exploitation payée sur nos cotisations sociales !). Enfin, encore une chose élémentaire que dit Verhaeghe : rien, absolument rien, ne prouve que les emplois créés avec les exonérations de cotisations sociales ne l’auraient pas été s’ils n’avaient pas bénéficié de la politique dite « d’allègement de charges » menée par l’Etat depuis presque vingt ans.  

 

Pour autant, il sera inutile de désigner Verhaeghe comme le nouveau camarade rallié à la cause du peuple et de son émancipation. Pas la peine donc de lui demander une autocritique publique ( !), ni de sur-interpréter son bouquin dont un petit exercice sociologique rapide permet de comprendre qu’il est inscrit dans une stratégie consistant à s’approprier le fait de s’être grillé envers les dogmatiques ultralibéraux du MEDEF afin d’en profiter et d’apparaître comme un patron néokeynésien éclairé et partisan d’un pacte social stable avec les salarié-e-s qui, de son point de vue, sera sûrement nécessaire lorsque la révolte éclatera (en ce sens son bouquin est le symptôme du dissensus patronal et de la crainte grandissante des patron-ne-s face au mécontentement populaire qui s’est notamment exprimé à l’automne dernier concernant nos retraites). On aura finalement compris qu’il s’agit de déborder les angoisses dont témoigne dans son livre Verhaeghe, en appuyant toujours plus, dans la théorie comme dans la pratique, dans nos lieux de travail comme dans la rue, sur les contradictions idéologiques qui, quelles que soient les déclarations de la sotte Parisot, minent symboliquement aujourd’hui le camp patronal.

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