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20 juillet 2013 6 20 /07 /juillet /2013 08:25
La Société du spectral (2012) et Les Archives fantômes (2013)
de Serge Margel
 
Serge Margel vit entre Genève et Paris. Il enseigne la philosophie à l’Université de Lausanne et à la Haute école d’art et de design de Genève. Il a déjà publié plusieurs ouvrages aux Éditions Galilée, dont Le Silence des prophètes, en 2006, et Aliénation. Antonin Artaud. Les généalogies hybrides, en 2008. Il vient de publier L’Avenir de la métaphysique, aux Éditions Hermann (2011).
 
Les textes proviennent des éditions Lignes (ici et ici).
 
Entre la société du spectacle de Guy Debord et la société de contrôle de Michel Foucault, la « société du spectral » est celle où les corps sont contrôlés par des spectres, c’est-à-dire par tous les dispositifs technoculturels qui influencent, manipulent ou transforment les affects, les désirs, les attentions les plus imperceptibles. Le corps de star – incarnation du glamour –, la marionnette et le sex machine sont les expressions exemplaires de cette société fantomale, que peuplent des corps-machines soumis au règne de cette domination d’un genre nouveau.

 

La Société du s pectral réunit deux textes très proches, complémentaires, indissociables même, s’attachant à interpréter ce qu’il y a lieu de penser de figures énigmatiquement voisines (et énigmatiquement impensées) : la star et le glamour, dans le premier des deux ( “Corps de star et sex machine”), et la marionnette ou l’automate, dans le second (“La société du spectral” qui donne son titre au volume). Dans “Corps de star et sex machine”, il s’agit de comprendre comment se fabrique un « corps de star », selon quels procédés, quels discours, quelles mises en scène, politique, économique, sociale.

 

L’hypothèse de départ consiste à inscrire l’exemplarité du corps de star dans cette tradition du corps-machine. Le corps de star serait une sorte de corps-machine propre à la modernité, une véritable machine (ici sex machine), dont la fonction consiste à produire une force d’envoûtement, d’ensorcellement ou de charme. C’est ce que l’industrie culturelle, cinématographique, hollywoodienne, aura nommé le glamour. Mais d’où vient ce mot, quelle en est la signification et surtout quelle forme d’esthétique une telle notion peut-elle produire sur le corps de star  ?

 

Après une longue histoire, et contre toute attente, le mot « glamour » provient du mot français grammaire, qui désignait au Moyen Âge tous les domaines de compréhension difficile ou cachée. D’ailleurs le mot grimoire est de même origine. D’où cette persistance, dans le glamour, du secret, de l’envoûtement, du charme, qui ensorcelle les yeux du spectateur. Pour bien comprendre le sens du terme, il s’agira surtout de lire certains textes de réalisateurs, comme von Sternberg, qui parle du glamour de Marlene Dietrich ou de Greta Garbo.

 

“La société du spectral”, le second des deux textes s’articule entre la société du spectacle de Guy Debord et la société de contrôle de Michel Foucault. La société du spectral serait cette société où les corps sont contrôlés par des spectres, c’est-à-dire par tous les dispositifs techno-culturels produits par cette même société, et qui influencent, manipulent ou transforment nos affects, nos désirs, nos attentions les plus imperceptibles. Et, là aussi, la figure de la star, jouet du désir, serait un agent majeur, un acteur de ce nouveau théâtre de marionnettes.

 

 


 
 
Le geste performatif de déplacement qui fait de l’objet une archive contient implicitement tout autant qu’il révèle la mise en scène politique du grand partage des cultures, des espaces et des temps, de la mémoire et de l’histoire. Il faudra, montre ici Serge Margel, lire, déchiffrer, décrypter, dans ce déplacement de l’objet, l’instituant d’un lieu à l’autre, d’un temps à d’autres temps, l’histoire d’une domination, voire d’une barbarie, la construction d’un discours dominant, la légitimation d’une souveraineté.

Ce livre est composé de deux textes. Le premier porte sur les liens entre l’archive et le témoignage, en partant de ce que l’on aura nommé en France « les nouvelles archives », de Foucault à Derrida, en passant par de Certeau, Pomian, Farge et Hartog. Le second texte concerne plus directement le statut de l’archive dans la revue Documents (1929-1930), créée et dirigée par Georges Bataille, avec entre autres Michel Leiris et Marcel Griaule, où se posent et s’interrogent les liens entre l’ethnographie, les beaux-arts et la littérature.

Les Archives fantômes interroge les pouvoirs de l’archive dans nos mondes contemporains. Comment l’archive peut-elle faire revivre un passé qui a disparu ? Selon quel dispositif technique et médiatique peut-elle faire ressurgir quelque chose qui n’existe plus ? C’est ce que l’auteur propose de nommer ici « le pouvoir fantomal de l’archive », ou « les archives fantômes », que représente tout document, et dont la force ou la fonction sociale consiste justement à faire survivre les événements en témoignages, à transformer le temps en mémoire, à délacer le passé en histoire.

On ne trouve pas des archives déjà toutes faites : elles se fabriquent, se constituent, s’instituent, par des pratiques sociales qui changent de périodes en périodes. Les archives peuvent être d’État, collectives, comme elles peuvent se dire personnelles, ou privées. Mais dans tous les cas, elles constituent des identités, une mémoire, un rapport au passé, autant de valeurs culturelles qui n’existent que sur le mode fantomal des archives.

À partir de là, Serge Margel montre que l’archive entretient un rapport complexe avec la « réalité » qu’elle représente, qu’elle fait survivre, mais aussi à laquelle elle se réfère, qu’elle indique et transmet, ou dont elle est le témoignage. D’un côté, elle porte sur quelque chose qui a déjà eu lieu, dans le passé, dans l’histoire, mais d’un autre côté, elle concerne encore ses propres modalités d’écriture, d’interprétation, qui l’inscrivent dans le champ de l’histoire. Qu’en est-il donc de l’archive, aux confins de l’écriture et du savoir, comme aux frontières de la littérature et des sciences de l’homme, anthropologie, ethnologie, historiographie, et même psychanalyse ?

Cette ligne de répartition ou de distribution des frontières, que constitue et institue l’écriture des archives, ou les archives fantômes, Serge Margel se propose de les considérer en termes politiques – à partir d’un choix de textes, de références et d’auteurs, qui ouvrent eux-mêmes une nouvelle politique des archives. Les archives, ce sont d’abord et avant tout des « objets » et des « lieux » politiques : des objets érigés en documents témoins d’une culture, et des lieux où ces mêmes objets se consignent, se conservent et se présentent. Il n’y a pas de lieux d’archives, encore moins d’objets d’archives, avant ce « grand partage » politique, qui statue autant qu’il légifère sur les relations d’espace et de temps, ou sur les conditions d’une contemporanéité des cultures. Autrement dit, il n’y a ni lieu ni objet, pour les archives, avant la possibilité de déplacer une trace en document, de transposer un fait en enregistrement, et donc d’instituer un événement en valeur culturelle.

Or, ce geste performatif de déplacement, qui sort l’objet de son contexte de production, pour l’isoler, le consigner, le préserver – l’archiver –, contient implicitement tout autant qu’il révèle la mise en scène politique du grand partage des cultures, des espaces et des temps, de la mémoire aussi et de l’histoire. Il faudra lire, déchiffrer, décrypter, dans ce déplacement de l’objet, l’instituant d’un lieu à l’autre, d’un temps à d’autres temps, l’histoire d’une domination, voire d’une barbarie, la construction d’un discours dominant, la légitimation d’une souveraineté.

On pourra lire, en toute leur « fraîcheur », la découverte du Nouveau Monde, l’histoire du colonialisme, l’occidentalisation et la destruction des cultures – disons une certaine écriture de la modernité. Dans le déplacement de l’objet, on verra donc s’élaborer un processus non seulement de production mais aussi de destruction culturelle, un processus paradoxal et complexe d’institution de la culture, en somme où s’écrit, et se lit, en pleine histoire des « temps modernes », l’incessante recomposition du grand partage politique des archives, qui lui dicte son autorité, sa légitimité, sa souveraineté.

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