COLLECTIF DE SOUTIEN AUX ROMS ET BULGARES DE BOBIGNY
s/c MRAP 93
22 rue Salvador Allende
93000 BOBIGNY
Bobigny le 12 février 2013
Monsieur Stéphane TROUSSEL
Président du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis
Mesdames et Messieurs les Conseillers généraux
Monsieur le Président,
Madame la Conseillère, Monsieur le Conseiller,
Une partie des habitants du bidonville situé rue des Coquetiers à Bobigny vient de recevoir une convocation à une audience au Tribunal Administratif de Montreuil fixée en extrême urgence pour le mercredi 13 février, suite à une requête du Département de la Seine-Saint-Denis datée du 31 janvier contre des occupants sans droit ni titre.
Le 26 août 2012, a été publiée une circulaire interministérielle "relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites" signée par sept ministres. Celle-ci prévoit l'organisation d'un "travail coopératif afin de dégager pour les personnes présentes dans ces campements, des solutions alternatives". Les collectivités territoriales doivent être associées à ce travail, qui comprend l'établissement d'un diagnostic, la mise en place d'un accompagnement des personnes avec le souci de la continuité de scolarisation des enfants, l'accès aux droits et des solutions d'hébergement et d'accueil.
Des familles étant installées sur les parcelles visées depuis plus de trois ans sur ce terrain, l'urgence de la procédure n'est pas manifeste. Nous avons peine à comprendre la démarche du Conseil Général, qui requiert une expulsion des personnes installées sur ce terrain plutôt que s'appuyer sur la circulaire interministérielle pour anticiper une évacuation garantissant à ces personnes une amélioration de leurs conditions de vie. La Mairie de Bobigny n'a pas demandé
d'expulsion, les personnes et associations engagées dans le Collectif de soutien aux Roms et Bulgares de Bobigny y poursuivent une démarche patiente d’accès aux droits.
Nous savons tous que les personnes présentes dans les bidonvilles d'Ile de France sont toujours les mêmes, contraintes de se déplacer d'une commune à l'autre, puis de revenir. Les personnes présentes rue des Coquetiers ne sont arrivées là que suite à des expulsions précédentes. Les rejeter à la rue les contraindra à s'installer ailleurs dans des conditions encore plus précaires, à se reconstruire dans la plus grande détresse des abris de fortune en plein hiver. Pourtant, de nombreux enfants du terrain sont scolarisés depuis plusieurs années à l'école Marie Curie, d’autres sont inscrits à l’école maternelle Jean de La Fontaine, d’autres fréquentent des collèges.
Chaque expulsion provoque toujours une rupture scolaire et une perte de motivation des enfants et de leurs parents quant à l'utilité de l'effort de scolarisation. De plus, l'association Médecins du Monde intervient régulièrement sur ce terrain et l'expérience montre que les suivis médicaux entrepris sont rompus par la dispersion des personnes.
Tant que des solutions alternatives aux bidonvilles ne seront pas envisagées, les expulsions à répétition ne résoudront pas plus les problèmes des personnes concernées que ceux posés à leurs voisins ou aux municipalités de la région. Les habitants de la rue des Coquetiers privés d'un accès à l'eau et à des toilettes ne sont pas responsables du manque d’hygiène dont ils sont les premières victimes.
Nous attirons aussi votre attention sur l'existence d'une trêve hivernale, qui jusqu'au 15 mars empêche de jeter dehors les personnes qui ont trouvé un abri. Celles dont les abris sont les plus précaires en seraient-elles exclues ?
Nous vous demandons, Monsieur le Président du Conseil Général, d'abandonner la procédure menant à l'expulsion du bidonville de la rue des Coquetiers à Bobigny, et à vous, Mesdames, Messieurs les Conseillers Généraux, d'intervenir en ce sens. L’objectif n’est pas de pérenniser la situation actuelle, mais de rechercher des solutions durables en coopération avec la Mairie de Bobigny, la Préfecture de Seine Saint-Denis, le Collectif de soutien, les associations impliquées pour le suivi des personnes sur le plan scolaire et médical. Cette démarche peut passer par une phase de viabilisation du terrain en attendant une solution plus durable et plus digne.
Nous vous en remercions et vous prions, Monsieur le Président, Madame, Monsieur le Conseiller Général, de recevoir nos salutations les meilleures.
Pour le Collectif de soutien aux Roms et Bulgares de Bobigny
A. CAIZZI
Avec le soutien de la LDH 93, du MRAP 93, du RESF 93, de Merilin dans notre ville (Noisy le sec)