Fédération de la Ligue des Droits de l'Homme de Seine Saint-Denis
La Ligue des Droits de l’Homme est intervenue cette semaine en solidarité avec des travailleurs bulgares, dont le campement se trouve sur le territoire de Bobigny, le long du canal de l’Ourcq, à proximité de la N3 et aux confins de Pantin et Romainville (voir messages précédents envoyés dans l'urgence).
Les personnes concernées
80 personnes environ, en majorité des hommes, plusieurs familles, une dizaine d’enfants. Ils ont construit des cabanes sur les deux rives du canal. Il s’agit d’une communauté turcophone de Bulgarie, minorité maltraitée dans son propre pays et qui l’a quitté faute de possibilités d’y vivre dignement. Mais ils trouvent ici des conditions de vie tout aussi lamentables (bidonville, pas d’accès à l’eau, pas de suivi sanitaire : un enfant a dû être hospitalisé après avoir bu de l’eau du canal).
Ces hommes vendent habituellement leur force de travail devant Batkor ou Point P. Ils sont embauchés par des artisans, soit au noir, soit déclarés, sur la base de leur passeport.
Mais comme les roumains, ces citoyens européens, traités comme des citoyens de seconde zone : leurs pays a été intégré dans l’Europe, mais ses travailleurs n’ont pas le droit de séjourner plus de trois mois, sauf à obtenir une hypothétique autorisation de travail et une carte de résident.
Réactions racistes, harcèlement policier, menace d’expulsion violente
Depuis environ un an, le patron de Batkor a changé et selon les témoignages des bulgares comme des français vivant à proximité, manifeste un comportement raciste : les bulgares sont interdits dans le magasin, les vigiles les chassent en utilisant leurs chiens dont ils enlèvent la muselière, et la police est systématiquement alertées.
La police nationale (commissariat de Bobigny) intervient presque tous les jours de façon violente : gazages systématiques, insultes, y compris dans le café où les bulgares ont leurs habitudes et dont les propriétaires ont tissé des liens amicaux avec eux.
Ce samedi matin 27 mars, la propriétaire a été gazée, bousculée et insultée par une policière et a immédiatement résolu de porter plainte contre le comportement de la police auprès de l’IGS et du Procureur de la République.
La destruction d’au moins un des campements a été annoncée pour lundi matin 29 mars par les responsables du chantier sur le terrain limitrophe appartenant au SITCOM, semant une nouvelle inquiétude parmi les occupants.
L’organisation de la solidarité
Nous avons été alertés par le cinéaste Jean Pierre THORM, qui se trouvait le lundi 22 sur place pour un tournage et qui a pu filmer quelques images de l’intervention policière de ce jour-là. Un rendez-vous a été organisé avec Me Céline CURT (SAF 93) le 23. Elle a accepté de suivre le dossier.
Une délégation s’est rendue sur le campement vendredi 26, composée de JP Thorm, de trois militants de la LDH (BNR et Montreuil) et du secrétaire de l’Union locale CGT de Bobigny. Les mêmes ont réagi sur place samedi pour exprimer leur soutien aux personnes agressées par la police, prendre les contacts susceptibles d’enrayer l’expulsion annoncée et de travailler à des solutions d’accueil à plus long terme.
Nous appelons évidemment d'autres organisations à nous rejoindre.
Rassemblement contre l’expulsion éventuelle : lundi 29, de 7 h 30 à 8 h 30
Rendez-vous : rue Berthelot à Bobigny, près du passage à niveau. (on s’y rend par le carrefour du général de Gaulle, sur la route qui va de la mairie de Bobigny vers la N3 voir plan-joint).