Camarades tunisiens, tunisiennes, égyptiens et égyptiennes,
Votre mobilisation a été exemplaire. Votre détermination a contraint les armées à pousser dehors les dictateurs qui sévissaient dans vos pays. La joie et l'espoir sont grands, ce qui est légitime.
Mais au risque de paraître rabat-joie, il faut vous prévenir que c'est maintenant que votre Révolution commence réellement. C'est maintenant que le plus dur reste à faire. En Tunisie comme en Egypte, ce sont des affidés du système que vous avez combattu qui tiennent toujours officiellement le pouvoir. Les militaires sont à la démocratie ce que Ben Ali et Moubarak sont à l'honnèteté, Bouteflika au respect de la pluralité et Khadafi au pacifisme: ça n'a aucun rapport. Faire confiance à une armée pour garantir ce que vous avez arracher, au prix fort, grâce à la lutte, c'est l'assurance de tout perdre bien vite.
Les commentateurs occidentaux n'en ont plus que pour des élections présidentielles rapides dans vos pays. Ce n'est pas de nouveaux présidents dont vous avez besoin; c'est d'un nouveau système politique, entièrement nouveau, débarrassé des oripeaux de l'oppression. Vous réclamez la démocratie. La démocratie, ce n'est pas un président qui décide à votre place. La démocratie, c'est plus de président du tout, et le peuple qui décide.
Camarades tunisiens, tunisiennes, égyptiens et égyptiennes,ne vous laissez pas voler votre victoire, que ce soit par les militaires, ou par la tromperie d'un système qui n'a de démocratique que le nom.