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  • : Communistes libertaires de Seine-Saint-Denis
  • : Nous sommes des militant-e-s d'Alternative libertaire habitant ou travaillant en Seine-Saint-Denis (Bagnolet, Blanc-Mesnil, Bobigny, Bondy, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin, Rosny-sous-Bois, Saint-Denis). Ce blog est notre expression sur ce que nous vivons au quotidien, dans nos quartiers et notre vie professionnelle.
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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 13:16

Interview de Violaine Girard, maîtresse de conférences en sociologie à l’université de Rouen, étudie depuis une dizaine d’années l’évolution du vote d’extrême droite dans un territoire rural du sud-est de la France :

Recueilli par Charlotte Rotman dans Libération, 28 avril 2012 (ici)

Violaine Girard a passé le premier tour dans un bureau de vote d’une commune située à la périphérie rurale d’une grande agglomération du sud-est de la France, ancrée à droite, qu’elle étudie depuis presque dix ans. Maîtresse de conférences en sociologie à l’université de Rouen, elle précise les dynamiques du vote FN des classes populaires dans ce territoire rural en recomposition. Sa monographie montre que les électeurs de Marine Le Pen ne peuvent être résumés à de simples «oubliés» du système.

Pourquoi étudier ce territoire périurbain ?

C’est intéressant parce que ce territoire rural, transformé par de grands projets d’aménagements, cumule des caractéristiques des zones périurbaines dont on parle beaucoup en ce moment. Ce territoire a connu une urbanisation diffuse, avec la construction de maisons individuelles par des ménages des classes populaires. C’est un territoire qui a connu aussi un mouvement de relocalisation industrielle facilitée par un foncier moins cher qu’en ville, et par la volonté des élites politiques et économiques de contourner les grandes forteresses ouvrières. Mais il conserve un caractère rural, avec des exploitations agricoles et des petites communes où on retrouve une sociabilité autour de l’école, de la vie au village, des associations sportives, des lotos les samedis soirs.

Quel a été le vote au premier tour de la présidentielle ?

Dans le canton, Nicolas Sarkozy est arrivé en tête avec 26,6%, suivi de près par Marine Le Pen, à 24,2%, et François Hollande, à 21,9%. En 2007, Jean-Marie Le Pen était à 14,5%, Sarkozy à 31,3%. On retrouve ces mêmes ordres de grandeur dans la commune que j’étudie : sur 604 inscrits, et 529 votants, 169 ont choisi Sarkozy (soit 33%), 165 Le Pen (32%), 83 Hollande (16%).

Quelles sont les composantes de ce vote FN ?

Les profils des habitants sont divers, et cela se retrouve pour leurs votes. Ils appartiennent aux classes populaires : les femmes sont à 49% des employées, 20% des ouvrières, la moitié des hommes sont ouvriers dans le canton en 1999. Il y a des gens précarisés, mais aussi d’autres, qui ont des qualifications et se projettent dans des trajectoires d’accès à la propriété. Dans ceux qui votent FN, on retrouve par exemple un jeune ouvrier, célibataire, qui a cumulé beaucoup d’emplois précaires, CDD ou intérim, avant d’obtenir un CDI dans la distribution alimentaire. Il y a des trajectoires heurtées, comme la sienne. Le vote FN est alors dû à une précarité croissante. Avec l’éclatement des emplois dans cette zone industrielle qui compte une centaine d’entreprises de tailles diverses, il y a beaucoup moins de collectif, les travailleurs ont des statuts différents et leur sentiment d’appartenance à la condition ouvrière s’est affaibli.

Avez-vous mis à jour d’autres dynamiques ?

Oui, on ne peut pas dire que le vote FN soit seulement un vote de déclassement et de relégation. Dans ces votes, on retrouve par exemple le choix de techniciens en fin de carrière, stables, et propriétaires de leur maison. Bien sûr, les électeurs d’extrême droite sont confrontés à des difficultés sociales, mais ce serait trop généralisant et simpliste de les voir, comme certains analystes le disent parfois, uniquement comme des ménages modestes relégués dans le périurbain et victimes de la mondialisation. Pour certains, le vote FN est un vote lié à des efforts de distinction. Ils veulent se démarquer, ne pas être assimilés à ceux qui se trouvent en bas de l’échelle. Ils ne sont pas rattachés à ceux d’«en bas», sans appartenir non plus à ceux d’«en haut». Beaucoup ont d’ailleurs quitté des quartiers populaires des banlieues voisines. Ils portent un regard stigmatisant sur ceux qui vivent dans l’habitat social, sur les ménages issus de l’immigration. Et dévalorisent les plus précaires, auxquels ils ne veulent pas être reliés.

Comment expliquez-vous la progression du vote FN entre 2007 et 2012 ?

Pour cette présidentielle, je sens vraiment un contexte de défiance par rapport aux leaders politiques nationaux. Les élus locaux parlent de «ceux d’en haut» qui ne connaissent pas les «vrais» problèmes. Nicolas Sarkozy a perdu du crédit. Il y a une distance, un scepticisme, une ironie par rapport à l’action politique. Le vote FN ne vaut pas forcément adhésion à tout le programme, mais c’est aussi le signal de cette distance et la marque d’un effritement du clivage gauche-droite. Dans la commune, le vote FN reste toutefois difficile à afficher publiquement. Mais il y a aussi une tolérance, de la part de ceux qui ne votent pas pour Marine Le Pen, pour ses électeurs, et un refus de les juger.

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