Depuis quelques semaines, la présence policière s'est accrue au Blanc-Mesnil. Il est vrai que des tirs se sont produits entre deux bandes rivales aux alentours du pôle scolaire jouxtant la Place de la Libération. Il s'agissait en fait de tirs provenant de pistolets à grenaille. Mais, comme un jeune garçon est décédé des suites d'un coup de feu en juin dernier, la seule réponse sociale apportée par rapport à la souffrance collective vécue dans les quartiers populaires de la ville, c'est comme d'habitude la répression.
Aujourd'hui au Blanc-Mesnil, la surveillance et la répression policières adoptent en ce moment même moult visages : fourgons de CRS, hélicoptère, et surtout présence de la police montée. Rien que ça ! Deux cow-boys juchés sur des chevaux qui font la chasse aux scooters ! Il faut dire que les impressionnants équidés chient un peu partout sur la Place de la Libération. Est-ce une façon ironique d'exprimer tout l'amour que les dominants ont pour les individus des classes populaires ? Cette manière de vouloir intimider la population blanc-mesniloise est également une manière de la mépriser, de la ravaler symboliquement à un statut d'infériorité, voire d'animalité. Il y a là comme une vague et nauséabonde odeur remontant à l'époque impérialiste et coloniale, celle de l'Amérique et ses indigènes exterminés, de l'Afrique et ses peuples massacrés, esclavagisés puis colonisés.
Il est certain que le jour où les habitant-e-s des cités populaires auront retrouvé leur puissance sociale d'agir dont les classes dominantes les ont historiquement expropriées, on se rappellera alors de la police montée comme d'un signe archaïque des temps anciens, dont peut-être quelques musées et films conserveront pour les générations futures et émancipées la mémoire. Une mémoire qui sera, on l'espère, troublée par les signes passés de la présente barbarie que nous subissons.
Franz B.