Dans un décor qui ne laisse la place à rien d’autre que la morosité et la laideur, le chroniqueur dresse en quelques mots le portrait des jeunes lycéennes de Bondy qu’il a rencontrées : systématiquement en retard, déjà un joint dans les poumons, et le casque aux oreilles. Soit.
Puis dans un bref compte-rendu des discussions qu’il a eues avec elles, cet « animateur de prévention » décrit une sexualité qui oscille entre répression et envies d’ailleurs. Entre l’inévitable « grand frère » prêt à les renvoyer au bled s’ils les suspectent d’avoir des relations sexuelles, et le rêve de coucher avec un « toubab du secteur pavillonnaire », seul, semble-t-il, à même de les faire « jouir » [1].
Car la sexualité dans les cités ne semble être rien d’autre qu’une lente descente aux enfers : « aujourd’hui, c’est en bas que ça se passe, en dessous du niveau de vie, dans les caves. En quelques années, on est passé du paradis à l’enfer, de l’apesanteur à la pesanteur, du bleu azur au gris dégoût ».
Quand un journaliste ne renonce à aucun cliché, aucune approximation, aucune contre-vérité pour le plaisir de quelques « bonnes » formules, c’est vraiment que lui est tombé bien bas.
En banlieue, on baise donc dans les caves, où « ça pue l’urine et les déchets, la bricole et les embrouilles ». Parfois dans les locaux à poubelles. Et de terminer sur ce triste constat : dans l’hôpital de la ville, « plus de 5% des interruptions volontaires de grossesse concernent des mineures ».
En quoi le fait que les IVG soient accessibles aux mineures est-il un problème ? En plus d’être aliénées, plongées dans la violence et dans la crasse, faudrait-il en plus que ces jeunes filles de milieu populaire culpabilisent quand elles veulent disposer de leur corps comme elles l’entendent ? Au racisme de classe, au racisme anti-jeunes, au racisme tout court, se mêle un propos bien antiféministe.
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