Les assurances exigent quasiement systématiquement des dépôts de plainte pour remplir leurs engagements envers leurs clients. C'est ainsi qu'on peut être contraint de visiter certains "magnifiques" commissariats de Seine-Saint-Denis.
A Bobigny, à l'Hôtel de Police, l'unité de base pour calculer l'attente est l'heure. Pour un simple dépôt de main courante (car les flics refusent de plus en plus de prendre les plaintes, mais n'enregistrent que des mains courantes pour permettre à leur ministre de bidonner les "chiffres de la délinquance") il faut compter presque 3h. Ce n'est même pas qu'il y ait beaucoup de monde: juste un couple en attente avant soit, et c'est suffisant pour flinguer la moitié de sa journée. Heureusement, dans la salle d'attente trône une magnifique affiche: la Charte de l'accueil du public, dont l'article n°1 stipule que "l'accueil du public est une priorité de la police nationale". Heureusement que c'est une priorité, sinon il faudrait venir avec une tente et des vivres pour 3j avant de voir un fonctionnaire de police... On a la nette impression que la police cherche à vous décourager par cette attente. Quand vous allez aux nouvelles auprès du planton à l'accueil, il s'étonne: "Ah, mon collègue ne vous a pas encore vu?". Ben non. Des fois que je me serais découragé et que j'aurais décarré sans avoir le papier demandé par l'assurance, ça leur aurait évité 10 minutes de boulot. Ceci dit, quand on voit la saleté des bureaux et le caractère préhistorique du matériel, on comprend qu'ils ne soient pas pressés.
Toujours à l'Hôtel de police de Bobigny, une affiche avertit à l'accueil: "Aucune information ne sera donnée sur les gardés à vue". Et effectivement, une femme se fait éconduire lorsqu'elle demande si son mari est gardé dans ce commissariat. "Passez par votre avocat". Ben voyons. C'est bien légal et conforme aux Droits de l'Homme, ça, l'enfermement au secret?
A Bondy, l'attente est nettement moins longue, et l'accueil moins glacial. C'est la communication qui pèche passablement. Un fonctionnaire commence à prendre votre plainte, mais est interrompu alors qu'il doit avoir pratiquement fini par son supérieur: "pour ça, pas de plainte, juste une main courante". Depuis quand, pourquoi? "On a reçu des instructions du procureur de la République il y a 3 semaines". Le premier flic n'en savait strictement rien, il tombe des nues. C'est beau, l'efficacité de la police du capital.
A juste titre, les flics sont souvent perçus en Seine-Saint-Denis comme des Rambos se comportant comme une troupe d'occupation, agissant au faciès. Mais même quand on a la peau claire et qu'on vient en victime, on est reçu comme un chien dans un jeu de quilles. Et après ils s'étonnent d'être détestés...