La crise économique a généré un nouveau genre de polar, les "éco-thrillers", dont l'action est centrée sur des sujets et/ou des acteurs économiques. Ainsi, Flore Vasseur avait sorti en 2010 Comment j'ai liquidé le siècle, centré sur la spéculation et les manipulations de cours par quelques grands "décideurs" discrets. Sans sombrer dans le conspirationnisme, le livre décortiquait un certain nombre de mécanismes et d'aberations capitalistes, au coeur de la crise économique actuelle.
Son dernier livre, En bande organisée relève du même genre. Il traite cette fois principalement de la question de la dette des Etats et de la manière dont elle a été organisée, développée par des institutions bancaires internationales qui ont en grassement tiré profit. L'ouvrage livre une galerie de portraits (le "génie de la finance", le "directeur de comm'", le "grand serviteur de l'Etat qui ne rêve que d'aller pantoufler dans le privé", la journaliste, etc.) réalistes et malheureusement très crédibles. Ils forment une caste fière de ses privilèges et farouchement décidée à les préserver coûte que coûte. La partie la moins convaincante du récit est en fait le ressort "romantique" de la quasi happy end du livre!
Il n'en demeure pas moins que ce roman se lit avec plaisir et facilement, rappelle quelques vérités aussi bien sur la capitalisme que sur le rôle de l'Etat et les media. Il ne s'agit pas d'un livre révolutionnaire, loin s'en faut. On n'y trouvera pas de remise en cause frontale et en profondeur du capitalisme; plutôt un immense dégoût pour ses fonctionnements "extrêmes" (mais intrinsèque au système capitaliste, c'est ce que l'auteur ne montre pas assez clairement).
A lire, donc!
Laurent Scapin
En bande organisée, Flore Vasseur, Editions Equateur Littérature. Août 2013, 318 pages, 19€.