En 2010, l'exécutif départemental de la Seine-Saint-Denis avait bruyamment communiqué sur son "budget de révolte". Nous avions déjà expliqué qu'il ne s'agissait que d'une vaste mascarade. Et les faits nous ont donné raison. Au lieu de développer une mobilisation de la population de Seine-Saint-Denis pour exiger que l'Etat rende au séquanodyonisiens et séquanodyonisiennes l'argent qu'il leur a volé, Bartolone et sa clique s'étaient lamentablement couchés devant les diktats préfectoraux et sarkozistes. Les budgets du Département avaient été, non pas réduits ou amputés, mais carrément tronçonnés. La situation dans certaines directions est devenue impossible, provoquant des mouvements sociaux importants, par exemple à la Direction des Systèmes d'Information ou à la Direction des Personnes Handicapées et de la Population Agée.
Bien sûr, certains budgets ont été "miraculeusement" préservés, comme ceux de la communication (comprendre la pub personnelle des élus-e-s) ou les petites gâteries des élu-e-s (lignes téléphoniques pléthoriques, matériel dernier cri alors que les agents doivent travailler parfois avec des micro-ordinateurs vieux de 8 ans ou plus...).
Et heureusement! C'est grâce à ce budget "comm" intact que les séquanodyonisien-ne-s ont eu le grand plaisir de recevoir le magazine Seine-Saint-Denis.fr, avec une double page sur le budget. Une double page plutôt laconique, dans laquelle les photos et les schémas tiennent plus de place que le texte.
Allez, cette année, on change de formulaire publicitaire bidon. Ce n'est plus un "budget de révolte", mais un "budget militant". Militant? On se demande bien en quoi. Certes, le Département doit faire avec un endettement colossal laissé par les années de gestion stalinienne, dont pas mal d'emprunts toxiques (des "communistes" qui spéculent sur le franc suisse, c'est comique). Certes, la pauvreté explose dans notre Département, et le nombre de bénéficiaires des prestations sociales s'envole. Mais en renonçant à réclamer que l'Etat règle les centaines de millions de dette qu'il a à l'égard de la Seine-Saint-Denis, l'exécutif dirigé par Claude Bartolone a simplement refusé de faire face à cette situation. Le budget 2102 s'annonce encore plus dur que le 2011. Le fonctionnement et la pérennité du Département sont remis en cause. Le "budget militant" se résume à quelques rustines sur les collèges, prétextes à ce pathos lamentable. Ce n'est pas anodin. Les bénéficiaires des prestations sociales vont souffrir. Ce sont les plus fragiles et les plus précaires qui vont faire les frais de ce manque de courage politique.