mer, 25/04/2012 - 14:16
Le dimanche 22 avril 2012, les électeurs se sont fortement mobilisés à l'occasion du premier tour de l’élection présidentielle. Ils ont exprimé leur exaspération face à la crise du capitalisme néolibéral et à la politique de Sarkozy et de son gouvernement. La droite au pouvoir est considérablement affaiblie puisqu'elle passe de 34,5 % en 2007 à 27,2 % en 2012.
Ce premier tour a bien été un référendum anti-Sarkozy. VISA se félicite de cet échec du candidat antisocial de l’UMP qui a tant fait pour banaliser les discours racistes et xénophobes du FN et souhaite que cet échec soit confirmé et amplifié au 2ème tour.
Malheureusement, le rejet de Sarkozy a aussi bénéficié à Marine Le Pen et au Front National. Avec 17,9 % des voix, soit 6 421 773 électeurs et électrices, Marine Le Pen réalise le score le plus élevé jamais réalisé par l'extrême droite dans ce pays. Elle fait mieux que Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2002. Même s’il progresse chez les femmes, son électorat reste majoritairement masculin, ancré dans la petite bourgeoisie et les classes populaires (Marine Le Pen obtient 29 % du vote des ouvriers, 22 % de celui des employés). Au plan géographique, les zones de force du vote frontiste restent le nord-est et le littoral méditerranéen mais on peut observer une montée dans des régions comme la Bretagne et les Pays de Loire, ainsi que dans les zones rurales et périurbaines.
On peut donc parler d’un succès de Marine Le Pen, même si elle n’a pas réalisé son objectif d’être au second tour. Elle le doit d’abord à la stratégie de dédiabolisation qu'elle a mise en place ces dernières années. Ce premier tour de l'élection présidentielle de 2012 montre que la dirigeante du FN a réussi en grande partie à banaliser son parti, à faire disparaître l’accusation d'antisémitisme qui pesait sur lui notamment du fait des provocations de son père. Elle est parvenue à gagner de nouveaux électeurs en apparaissant un petit peu moins fermée sur le terrain des mœurs et surtout en s’emparant de thèmes économiques et sociaux qui sont aujourd'hui au cœur des préoccupations des Français. En même temps, elle a su revenir sur le terrain habituel de l’extrême droite dans les dernières semaines de la campagne : l'immigration et l’insécurité. C'est ce qui peut expliquer qu’elle a pu attirer à elle dans les derniers jours le vote d’électeurs qui pensaient s'abstenir.
Le score de Marine Le Pen lui permet donc de se poser en arbitre du deuxième tour de l'élection présidentielle et de peser sur les thèmes qui seront en débat dans la campagne de l’entre deux tours. D’ailleurs, le président sortant continue de s’approprier les thèmes et la radicalité si chère à l’extrême droite. Plus grave, il valide la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen en déclarant que celle-ci est compatible avec la République ce qu’aucun dirigeant de la droite n’avait fait depuis que le FN pèse sur la vie politique française.
Au-delà, Marine Le Pen et son entourage préparent déjà les élections législatives de juin avec deux objectifs : pouvoir constituer un groupe parlementaire à l'Assemblée Nationale en se maintenant au deuxième tour des élections législatives et faire éclater l'UMP. D'ores et déjà, Marine Le Pen entend s'affirmer comme la principale opposante au gouvernement de François Hollande si celui-ci est élu le 6 mai.
Notre association, qui regroupe des militants syndicaux de la CFDT, de la CGT, de la FSU et de Solidaires, reste déterminée à combattre les idées du Front National. Depuis plusieurs années nous alertons le mouvement syndical sur les dangers que représente le Front National et la politique xénophobe du gouvernement pour le monde du travail ; l’appel en ce sens que nous avons lancé il y a plus d’un an a été signé, à ce jour, par plus de 2100 syndicalistes ; nous avons mis aussi à la disposition des syndicats des livres, brochures, affiches, journées de formation, comme autant d’outils pour contrer la propagande d’extrême droite.
Dans cette nouvelle situation politique, nous continuerons inlassablement notre travail de dénonciation de l'idéologie et de la stratégie politique du F-Haine de Marine Le Pen. Pour nous, cette idéologie reste marquée par le racisme, le sexisme, l’homophobie et un nationalisme autoritaire. Marine Le Pen n'a aucunement renoncé à la préférence nationale, bien au contraire. Nous continuerons aussi à expliquer que son projet reste la création d'une force politique en capacité de construire un État autoritaire visant à mettre au pas les salariés au profit des forces du capital. Nous continuerons de démonter la stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen qui n'est qu'une manœuvre habile de tromperie des travailleurs.
Ce travail, nous le savons pertinemment, devra obligatoirement s'accompagner, pour être efficace, d'une remobilisation des travailleurs et de leurs organisations syndicales, pour défendre leurs intérêts de classe. Cette remobilisation devra permettre d’imposer les transformations sociales nécessaires pour endiguer la montée d'une force qui doit être qualifiée pour ce qu'elle est : un parti fasciste.
Ce travail de reconquête doit commencer dès le 1er mai 2012. Au moment où Marine Le Pen et les siens paraderont en l'honneur de Jeanne d'Arc , à l’heure où Sarkozy et l’UMP se rassembleront Place du Champ de Mars pour célébrer avec des accents pétainistes le « vrai travail », la fête des travailleurs doit être l'occasion pour que cette grande manifestation intersyndicale, populaire et de solidarité internationale puisse allier l'affirmation des revendications des salariés face à la crise à la protestation contre la montée des forces remettant en cause les idéaux de justice et d’égalité et les acquis sociaux, en France et en Europe.
C'est à cette tâche que nous nous consacrerons dans les prochains jours.
V.I.S.A. (Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes) 25 AVRIL 2012
assovisabis@gmail.com