Ou alors, pourquoi le problème des retraites est moins démographique qu'idéologique
Première partie de la démonstration :
. Sur une base de 100 (formalisant l’ensemble des salaires), 10 salariés actifs cotisent aujourd’hui pour 4 salariés inactifs.
Ce qui nous donne le ratio suivant :
100 / 10 + 4 = 7.
. Demain (c’est-à-dire dans 30 ans), les 10 salariés actifs cotiseront pour 8 salariés inactifs. Seulement, la base de calcul des salaires n’est plus 100 mais 200, la productivité devant doubler à PIB (la richesse monétaire nationale) constant.
Ce qui nous amène au ratio suivant :
200 / 10 + 8 = 11 ! Soit un ratio encore plus élevé que le précédent.
Nous avons découvert le point faible des arguties qui veulent nous faire avaler les vessies de la retraite (individualiste) par capitalisation pour les lanternes de la retraite (socialisée) par répartition : l’élément démographique est toujours pris en compte, en oubliant le facteur décisif qu’est celui de la productivité du travail dont le procès, en économie capitaliste, exige qu’il soit toujours plus grand, afin d’abaisser le coût des marchandises dans des marchés fortement concurrentiels.
Deuxième partie de la démonstration
. Entre 1945, date de la création de la Sécurité sociale sur recommandation du Conseil National de la Résistance, et 1970 qui a vu le doublement de la productivité du travail, il fallait 6 points de PIB pour alimenter les caisses de cotisation assurés par la part socialisée du salaire.
. Entre 1970 et aujourd’hui, il a fallu 6 autre points de PIB pour permettre la pérennité du système indexée sur un deuxième doublement de la productivité du travail.
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La question à poser est de savoir si l’on peut aujourd’hui consacrer une part identique en terme absolue (toujours 6 points de PIB) au système de retraite quand le PIB français, même malgré la crise économique, n’a jamais été aussi important (2.000 milliards d’euros aujourd’hui).
. 6 points de PIB (environ une petite centaine de milliards d'euros) représentent l’équivalent des allègements de cotisations patronales (35 milliards d’euros), des crédits d’impôts pour la frange la plus riche de la population (15 milliards d’euros), des impayés patronaux en terme de travail dissimulé (le « travail au noir » qui coûte plusieurs dizaines de milliards d’euros à la collectivité), des fraudes fiscales massives (idem)…
Il n’y pas de problème de retraites, mais bien un problème de redistribution égalitaire des richesses produites par le travail et ponctionnées par le capital. Avec les beaux succès que l'on connaît aujourd'hui.
Franz B.