Non, je n'ai rien fait tombé, je ne suis pas parti la veille sans payer, pourquoi serais-je interpellé ? Mais oui ! Dans ce magasin qui vend des produit pas chers pour les pauvres, je suis entré avec... mon sac à dos ! Ha, je l'avais posé depuis quelques semaines, ce sac à dos. Et puis les années aidant, on ne me demandait plus de le retirer mon sac à dos. Et il est dangereux ce sac-à-dos. Non pas parce qu'il transporte une bombe ou quelque chose comme çà, hein, on n'est pas aux Galeries Lafayette là. Non. Juste parce qu'on pourrait... voler !
J'aurais pu juste confier mon sac au « vigile » qui est sensé surveiller un tas dans un coin, tout en contrôlant la « clientèle ». Mais non. Ras le bol. Il veut pas discuter ? Il m'invite à partir dans le cas où je refuse de le déposer ! Je lui demande, à tout hasard, si les femmes aussi doivent déposer leur sac à main, où si seulement les porteuses et porteurs de sac à dos sont visé-e-s. Il me le confirme en m'indiquant un écriteau géant, pointant au même endroit le fait que le magasin est sous vidéo-surveillance. Souriez, vous êtes fliqué.
Je demande à voir un responsable, ne voulant pas me prendre la tête avec un vigile qui n'a pas choisi « le règlement ». Là le petit patron arrive. Il est pas content, parce que je lui fais perdre du temps... Un dialogue de sourd d'engage, à côté des caisses, devant 3-4 client-e-s prennent le temps d'écouter :
Lui : Monsieur, il faut laisser votre sac, c'est la loi
Moi : Pourquoi, vous pensez que vos clients viennent avant tout pour vous voler ? Et puis montrez moi cette loi...
Lui : Non, heu, ce n'est pas la loi, mais c'est un espace privé ici. Alors il faut poser votre sac. Et hier encore j'ai attrapé une femme avec 150 euros de marchandises, alors vous voyez. Et puis si vous avez votre sac et que 20 jeunes rentrent en posant le leur, ils vont pas trouver çà normal.
Moi : Et pourquoi les jeunes seraient spécialement stigmatisés dans votre établissement ?
Lui : Vous ne voyez pas ! Les gens n'ont pas beaucoup d'argent, alors ils volent, et moi j'ai fait des prêts, je suis endetté sur 5 ans...
Moi : Et je suppose que vous payez vos caissière 2000 euros par mois ?
[...]
Evidemment, on ne peut être dans le dialogue avec un petit patron de super marché qui essaye de vous faire pleurer sur son sort.
Et puis après tout, si je refuse de poser mon sac, n'est-ce pas parce que je suis venu le voler ?
Alors je le dis, il y'en a marre de la stigmatisation des jeunes et des porteuses et porteurs de sacs à dos. On n'est pas des moutons. Ne nous laissons pas imposer des méthodes qui ne servent qu'à contrôler les pauvres, car c'est bien de çà qu'il s'agit : la peur du pauvre qui vient voler de quoi manger. Ne nous habituons pas, ne trouvons pas çà normal. Ce ne l'est pas. Dans ce magasin on est filmé, il y a un vigile à l'entrée et on doit déposer son sac à dos ou son cabas. C'est quoi la prochaine étape ? On passe par la cabine se déshabiller dès fois qu'on ait chourré un paquet de pâtes ?